Le tir mortel qui a atteint l'influenceur républicain Charlie Kirk à la carotide est bien plus qu’un drame personnel: pour Donald Trump, il s’agit d'une attaque directe contre lui-même. Après l'assassinat de ce proche allié, le président américain a lancé une violente offensive contre la gauche, qu'il accuse d’alimenter le «terrorisme intérieur» par sa rhétorique.
Les partisans de Trump sont également en colère. L'ancien stratège de la Maison Blanche, Steve Bannon, accuse la gauche de mener une «guerre» contre la droite politique. Charlie Kirk est déjà qualifié de martyr. Le meurtre de ce jeune militant, figure influente du mouvement, va-t-il précipiter les Etats-Unis dans l'abîme?
Charlie Kirk faisait partie du cercle rapproché de la famille présidentielle. Il jouissait d'une telle estime qu'il était même parfois qualifié de «fils Trump». Il s'était donné pour mission de traduire et de rendre accessible le message de Trump à ses millions de jeunes followers sur les réseaux sociaux – 5,3 millions rien que sur X. Certains allaient jusqu’à imaginer un jour sa candidature à la Maison Blanche.
Dispute sur la prière au Parlement
Mercredi, il a été abattu sur le campus de l’Utah Valley University alors qu’il intervenait sur la question des violences par armes à feu. L'auteur du meurtre est, pour sa part, toujours en fuite. Charlie Kirk était un homme important pour Trump. Si important que le président américain a fait mettre en berne les drapeaux américains à la Maison Blanche et dans d'autres bâtiments ainsi que dans toutes les ambassades du monde.
Mais avec ses discours provocateurs, par exemple sur les personnes transgenres, les valeurs familiales, le changement climatique, la foi et les lois sur les armes, Charlie Kirk s'est créé de nombreux ennemis. Lorsque la représentante républicaine Lauren Boebert a appelé à prier pour Charlie Kirk jeudi à la Chambre des représentants, les démocrates ont refusé de se joindre à elle. Une vive altercation s'en est suivie.
Les républicains se mobilisent
La controverse autour de Charlie Kirk ne se limitera pas à la Chambre, mais devrait rapidement déborder sur l'ensemble du pays. Sur les réseaux sociaux, les trumpistes exigent que les démocrates soient déclarés «organisation terroriste» et qu'au lieu d'utiliser la garde nationale, ils nettoient les villes démocrates avec l'armée de l'air.
Trump lui-même sonne la chasse aux «gauchistes radicaux» qui compareraient des gens comme Charlie Kirk à des nazis et aux pires assassins de masse. Trump a déclaré dans une allocution vidéo: «Ce type de rhétorique est directement responsable du terrorisme que nous connaissons aujourd'hui dans notre pays, et il doit cesser immédiatement». Il a d'ailleurs promis: «Mon gouvernement trouvera tous ceux qui ont contribué à cette atrocité et à d'autres violences politiques.»
Connaissant Trump, ces paroles ne resteront pas vaines. Il n'y a pas si longtemps, il a fait entrer la garde nationale à Washington pour «nettoyer» la ville de la criminalité. D'autres villes devraient bientôt suivre. On se souvient également de la prise du Capitole le 6 janvier 2021, que Trump avait provoquée pour ne pas reconnaître sa défaite électorale.
Plus de fermeté contre la gauche et les médias
Philipp Adorf, spécialiste des républicains à l'Université de Bonn, déclare à Blick: «Pour Trump, ce meurtre est la preuve qu'il faut agir avec encore plus de sévérité contre une prétendue anarchie qui, selon lui, s'est profondément enracinée, notamment dans les milieux de gauche.»
Parallèlement, Trump profitera de cet acte pour intensifier ses attaques contre les médias. Dans son allocution après le tir mortel, il leur a reproché de préparer eux-mêmes le terrain pour de tels actes de violence en diabolisant la droite.
La fracture s'élargit
La première chose que Trump devrait faire, parallèlement à l'élucidation impitoyable du meurtre de Charlie Kirk, est d'ordonner une surveillance plus intensive des groupes d'opposants. Philipp Adorf détaille: «Il a déjà placé des fidèles à la tête d'institutions comme le ministère de la Justice ou le FBI. Il ne rencontrera donc que peu de résistance à une répression justifiée par la lutte contre un supposé terrorisme de gauche.»
Au milieu du 19e siècle, les Etats-Unis étaient en pleine guerre civile. Les Etats-Unis n'en sont pas là actuellement. Mais l'assassinat pourrait faire de Charlie Kirk un martyr, ce qui risque de galvaniser la base trumpiste et de nourrir la polarisation pendant la campagne électorale.
Le meurtre et la chasse aux responsables désignés accentuent ainsi la fracture d’une Amérique déjà profondément divisée. Philipp Adorf conclut: «Même si la guerre n'a pas lieu, l'autocratisation du pays pourrait prendre de l'ampleur.»