Donald Trump a annoncé mardi que les Etats-Unis mettaient en place un blocus au Venezuela contre les pétroliers sous sanctions, renforçant la pression économique sur Caracas et marquant une nouvelle étape dans la crise entre les deux pays. A couteaux tirés depuis des années, les deux pays entretiennent des relations encore plus acrimonieuses depuis le retour en janvier de Donald Trump à la Maison Blanche, faisant du président vénézuélien Nicolas Maduro l'une de ses bêtes noires sur la scène internationale.
«Aujourd'hui, j'ordonne un blocus total et complet de tous les pétroliers sanctionnés entrant et sortant du Venezuela», a écrit le président américain sur son réseau Truth Social. Le pouvoir de Nicolas Maduro utilise le pétrole pour financer «le narcoterrorisme, la traite d'êtres humains, les meurtres et les enlèvements», a justifié Donald Trump, reprenant sa rhétorique habituelle.
«Le Venezuela est entièrement encerclé par la plus grande armada jamais assemblée dans l'histoire de l'Amérique du Sud», a affirmé Donald Trump, qui a assuré que le déploiement américain ne ferait «que s'agrandir». «Le choc qu'ils subiront sera sans précédent», a encore menacé le président américain, qui a toujours maintenu le flou sur la possibilité d'une intervention terrestre sur le sol vénézuélien.
Soutien de Machado
Caracas a répondu en qualifiant de «menace grotesque» cette annonce. «Le président des Etats-Unis tente d'imposer de manière absolument irrationnelle un prétendu blocus naval militaire au Venezuela dans le but de voler les richesses qui appartiennent à notre patrie», a écrit le gouvernement vénézuélien dans un communiqué.
L'administration Trump accuse Nicolas Maduro d'être à la tête d'un vaste réseau de narcotrafic. L'intéressé dément catégoriquement, affirmant que Washington cherche à le renverser pour s'emparer du pétrole vénézuélien, la principale ressource de son pays. Les Etats-Unis ont déployé depuis cet été un important dispositif militaire dans les Caraïbes, et bombardé des embarcations en provenance du Venezuela au nom de la lutte contre le narcotrafic, des opérations à la légalité largement mise en doute par les experts.
Une politique saluée par l'opposante vénézuélienne Maria Corina Machado, prix Nobel de la paix 2025, qui a même soutenu ce week-end sur la chaîne américaine CBS plus de «pression» afin que «Maduro comprenne qu'il doit partir». Soumis à un embargo américain depuis 2019, le pétrole vénézuélien est écoulé sur le marché noir à des prix nettement plus bas, à destination en particulier de la Chine.
Pétrolier saisi
La semaine dernière, les forces américaines ont saisi en mer des Caraïbes un pétrolier à destination de Cuba, le Skipper. Le navire transportait entre 1 et 2 millions de barils de brut vénézuélien, selon les sources, pour une valeur de 50 à 100 millions de dollars.
Selon Washington, le navire était sous sanctions américaines depuis 2022 pour des liens présumés avec le Corps des Gardiens de la Révolution islamique iranienne et le Hezbollah libanais. Selon la Maison Blanche, les Etats-Unis entendent «saisir le pétrole» du Skipper, reconnaissant cependant que cela posait des questions juridiques.
L'annonce de blocus Donald Trump survient alors que les ministres américains de la Défense et des Affaires étrangères ont défendu mardi au Congrès les frappes menées contre des embarcations soupçonnées de narcotrafic dans les Caraïbes. Depuis début septembre, le président américain a ordonné des frappes contre au moins 26 navires dans les Caraïbes ou l'est du Pacifique, tuant au moins 95 personnes, sans jamais fournir de preuve de leur implication dans le trafic de drogues.