L’Ukraine doit prochainement recevoir des missiles de croisière Tomahawks. Le président américain Donald Trump souhaite simplement savoir à quelles fins Kiev compte employer cette super-arme américaine.
Rien d’étonnant à cette prudence: avec leur portée considérable, les Tomahawks peuvent frapper des cibles très profondes dans le territoire russe. Une fois tirés, ils sont extrêmement difficiles à intercepter. Ce n’est pas sans raison que l’armée américaine les décrit comme «l’une des armes les plus puissantes, les plus précises et les plus résistantes au monde».
Le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, entend tout faire pour empêcher l’Ukraine d’en disposer. Et pour cela, il recourt à une tactique bien rodée: la menace. Son objectif? Instiller la peur.
Des relations en péril
La semaine dernière, Vladimir Poutine a averti que cette livraison pourrait entraîner une «nouvelle escalade», y compris dans les relations entre Moscou et Washington: «C’est dangereux.» Mardi, son porte-parole Dmitri Peskov en a remis une couche, évoquant une «grave escalade». Selon lui, les Tomahawks ne changeraient rien sur le champ de bataille, mais mettraient en péril la relation entre les Etats-Unis et la Russie.
Les deux dirigeants venaient pourtant de se rapprocher lors du sommet tenu en Alaska cet été. «Donald Trump est en train de détruire ce fragile rapprochement», a affirmé le porte-parole du Kremlin. Washington participerait désormais directement aux attaques contre la Russie.
Une troisième guerre mondiale?
L’ancien président russe Dmitri Medvedev est allé encore plus loin. Selon lui, l’Ukraine pourrait employer les Tomahawks pour viser des cibles européennes, comme Paris, Berlin ou Varsovie. Donald Trump doit en être conscient et stopper la livraison.
Le député de la Douma Leonid Sloutski a, lui, évoqué le risque d’une troisième guerre mondiale, dont Donald Trump porterait seul la responsabilité. D’autres responsables russes ont ajouté que Moscou pourrait être contrainte de lancer une «attaque préventive» contre l’Ukraine, et que «l’Ukraine ne serait pas la seule à souffrir», selon l’Institute for the Study of War (ISW).
La Russie déploie un nouveau missile
Ce n’est pas la première fois que le Kremlin agite de telles menaces. Il avait déjà réagi avec virulence à la livraison à l’Ukraine de missiles américains ATACMS et de missiles britanniques Storm Shadow.
Après leur première utilisation contre des cibles en Russie, l’armée russe avait riposté en tirant son nouveau missile hypersonique Orechnik sur l’Ukraine. Moscou a même menacé de doter ces engins d’ogives nucléaires.
Jusqu’ici, ces menaces n’ont jamais été suivies d’effets. Le Kremlin avait également accompagné les livraisons d’avions de chasse F-16 et de chars Abrams d’un discours belliqueux, sans conséquence concrète. Poutine poursuit toutefois inlassablement sa stratégie: celle d’une rhétorique brutale destinée à intimider.