La politique migratoire dure de Trump
Des Suisses ont été arrêtés dans les rafles de l'agence d'immigration ICE

Les autorités américaines de l'immigration sévissent sous Donald Trump. Razzias, arrestations, expulsions font partie de la nouvelle normalité. Des Suisses sont également dans le collimateur des autorités américaines.
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L'agence américaine de l'immigration ICE dispose d'un budget annuel de 28 milliards de dollars.
Photo: Getty Images
Robin Bäni

Ils traquent les immigrés sur les parkings, tirent les passagers de leurs pick-up, maîtrisent les ouvriers agricoles dans les champs, effectuent des raids dans les écoles, montent la garde devant les églises pendant la messe et envoient des touristes en détention avant leur expulsion. Les agents du service américain de l'immigration (ICE) appliquent à la lettre les directives de Donald Trump. Le président américain a exigé que l'Etat arrête et renvoie au minimum plus d'un million de personnes par an. Selon une enquête de Blick, des Suisses figurent parmi les personnes visées.

Les services de l'immigration de l'administration Trump ont déjà appréhendé trois personnes de nationalité suisse. Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) nous confirme ce premier chiffre. Il ne s'agit toutefois que des cas connus des autorités. Impossible d'évaluer combien d'autres concitoyens n'ont pas été signalés.

Détenu jusqu'au vol de retour

Dans chacun des cas, la raison invoquée est un «overstay», c'est-à-dire un séjour illégal, précise le DFAE. Ces personnes sont restées aux Etats-Unis au-delà de la durée autorisée par leur visa ou leur ESTA. L'ESTA, programme d'exemption de visa, permet des séjours de 90 jours maximum après une demande en ligne.

La durée de détention des Suisses concernés reste inconnue. Le DFAE ne fournit aucun chiffre et se limite à indiquer qu'«ils ont été retenus jusqu'au prochain vol disponible pour la Suisse». Tous ont depuis été libérés. Le département ne souhaite pas donner plus de détails, invoquant la protection des données et de la personnalité. La question de savoir dans quelles circonstances les arrestations ont eu lieu demeure pourtant essentielle.

Des hommes masqués lors d'une interview

Ces dernières semaines, plusieurs médias américains ont révélé une nouvelle pratique d'expulsion controversée. Selon leurs informations, l'ICE a arrêté des conjoints étrangers de citoyens américains lors d'entretiens d'obtention d'une carte verte. Officiellement, il s'agissait de visas arrivés à expiration.

L'une de ces histoires a été racontée par Audrey Hestmark à la chaîne NBC San Diego. Américaine, mariée depuis un an à un Allemand, elle a entrepris avec lui une procédure de «green card». Tous les documents auraient été remis dans les délais. Mais lors de l'entretien à San Diego, trois hommes masqués sont entrés dans le bureau et ont emmené le mari, sous prétexte d'un visa expiré. Le «New York Times» rapporte également des cas similaires.

Les avocats spécialisés en immigration expriment leur inquiétude. Un visa expiré constitue certes une irrégularité, expliquent-ils, mais jusqu'ici, les autorités la toléraient lorsqu'un mariage avec un citoyen américain était en cours de régularisation. Reste à savoir si les trois Suisses ont été arrêtés dans des conditions similaires. Le DFAE ne se prononce pas. 

Bientôt des contrôles plus stricts avant l'entrée?

Globalement, les signaux d'une politique stricte d'asile se multiplient: l'administration Trump semble déterminée à durcir davantage l'immigration légale. Début décembre, il a été annoncé que les demandes d'ESTA pourraient bientôt exiger des informations supplémentaires, notamment les comptes de réseaux sociaux et les adresses e-mail.

Les voyageurs devraient dévoiler leurs activités sur Tiktok, X ou Instagram sur les cinq dernières années. Les autorités américaines des frontières ont publié un document en ce sens dans le registre fédéral. Il n'a pas encore force de loi et reste en discussion. Selon elles, ces mesures visent à se «protéger des touristes étrangers et autres menaces».

La Suisse a réagi à ce durcissement. Sur son site, le DFAE rappelle que les voyageurs doivent se renseigner suffisamment tôt sur les règles d'entrée et de séjour. En cas de non-respect, ils risquent un renvoi, une arrestation ou une détention. En situation d'urgence, les personnes concernées peuvent contacter l'ambassade de Suisse aux Etats-Unis.

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