Nouveau rapport explosif
Les vêtements achetés sur Shein en Suisse sont cancérigènes

Le détaillant en ligne Shein fait des heureux avec ses vêtements à petits prix. Mais il fait aussi la Une des journaux à cause des substances nocives contenues dans ses articles. Même les vêtements pour enfants sont concernés.
Publié: 05:32 heures
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Greenpeace a relevé la présence de substances nocives dans 56 articles Shein, notamment les vêtements présents sur cette photo.
Photo: © Fred Dott / Greenpeace
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Milena Kälin

Des pantalons à 15 francs et des bottes d'hiver à 18 francs: le détaillant en ligne Shein attire les clients à coups de prix cassés et de nouveaux produits chaque jour. Pendant ses pics de productivité, le géant chinois envoie jusqu'à 10'000 nouveaux designs par jour sur le marché. Mais cette production rapide et à petits prix n'est pas sans conséquences.

Dans son dernier rapport, l'ONG Greenpeace a analysé 56 vêtements de l'enseigne et prouve que 18 d'entre eux contiennent de nombreuses substances nocives pour la santé. Un tiers des vêtements testés dépassent les limites de la réglementation européenne sur les produits chimiques, allant parfois bien au-delà. Greenpeace Allemagne a analysé les produits vendus par Shein en Europe et arrive aux même résultat chez notre voisin.

Des bottes aux produits chimiques

Les produits livrés en Suisse sont aussi concernés, par exemple les bottes en caoutchouc noir à paillettes: leur teneur en phtalates est 71 fois supérieure à la limite autorisée. Comme les PFAS, les phtalates sont des produits chimiques potentiellement toxiques. Ils peuvent provoquer des maladies comme le cancer ou des troubles de la croissance chez les enfants. Selon le rapport de Greenpeace, les produits Shein pour les petits – comme les chaussures roses ou les costumes de princesse – contiennent aussi trop de substances nocives.

Ces bottes en caoutchouc de Shein contiennent beaucoup trop de phtalates, selon Greenpeace.
Photo: © Fred Dott / Greenpeace

Les consommateurs absorbent les produits chimiques par la peau, la transpiration ou l'inhalation des fibres. Et même si vous ne portez pas ces habits, leurs substances nocives s'effritent au toucher lorsqu'une autre personne les porte et se retrouvent dans les eaux, les sols et donc dans notre chaîne alimentaire. Mais les personnes les plus exposées à ces produits nocifs sont les ouvriers de Shein. 

«Le géant de la fast-fashion inonde le monde de vêtements de mauvaise qualité qui, malgré les promesses contradictoires de Shein, sont souvent contaminés par des produits chimiques», déclare Joëlle Hérin de Greenpeace Suisse. L'organisation environnementale a déjà contrôlé les vêtements et les chaussures du producteur de fast-fashion en 2022, mais rien n'a changé depuis. 

«Shein retire les différents produits de sa plateforme s'il est prouvé qu'ils ne respectent pas les limites de l'UE. Mais ils sont remplacés par des produits presque identiques contenant les mêmes produits chimiques dangereux, peut-être du même fournisseur», s'indigne Joëlle Hérin.

Mettre tout le monde sur un pied d'égalité

En tant que boutique en ligne basée à l'étranger, Shein ne peut être tenue responsable de quoi que ce soit. C'est donc à ses clients suisses d'assumer les risques liés aux produits qu'ils commandent à l'étranger.

Mais l'association professionnelle Handelsverband.swiss demande que les plateformes en ligne étrangères soient tenues responsables des produits qu'elles envoient aux consommateurs suisses depuis l'étranger. Pour ce faire, l'association prévoit de déposer prochainement une proposition de loi fédérale. Des «adaptations minimales mais efficaces» devraient mettre tous les commerçants en ligne sur un pied d'égalité. En effet, l'inégalité des réglementations met aussi à mal les commerçants suisses.

Ce manque de responsabilité dérange aussi la Protection suisse des consommateurs. Même si sa directrice Sara Stalder n'est pas surprise par le rapport de Greenpeace, elle est tout de même inquiète de l'ampleur du phénomène. «Tant que les différences de prix seront aussi énormes, il est compréhensible que les consommateurs continuent de faire leurs achats sur ces plateformes étrangères», explique-t-elle à Blick.

Greenpeace exige aussi de nouvelles bases légales: «Nous demandons une loi contre la fast fashion. De plus, la législation suisse sur les produits chimiques devrait s'appliquer à tous les produits vendus en Suisse, même s'ils sont distribués sur des plateformes en ligne étrangères», explique Joëlle Hérin. L'ONG Public Eye demande aussi la création d'un fonds de mode qui ferait passer les producteurs de fast fashion à la caisse.

Le Conseil fédéral réticent

Jusqu'à présent, le Conseil fédéral s'est montré réticent à réglementer les boutiques en ligne étrangères et la fast fashion. A l'inverse, la France par exemple veut introduire progressivement une loi contre la fast fashion. Les détaillants comme Shein risquent alors d'être sanctionnés à cause de leur impact sur l'environnement.

De plus, l'UE a récemment décidé que les plateformes Shein et Temu ne bénéficieraient plus d'exceptions douanières en Europe. Les détaillants contournent sciemment la franchise douanière en répartissant les envois plus importants sur plusieurs paquets. Shein n'a pas répondu aux sollicitations de Blick.

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