La scientifique britannique Hannah Cloke porte de graves accusations contre la gestion allemande des catastrophes. Celle qui a co-développé le système européen d'alerte aux inondations parle d'un «échec monumental du système» dans le «Sunday Times» de Londres. Le gouvernement allemand et le système de protection civile partageraient la responsabilité des conséquences dévastatrices des inondations, selon le professeure d'hydrologie de l'université de Reading.
«Des gens ont été emportés par les eaux, surtout dans les villes. Ils auraient dû être mieux prévenus», explique la scientifique. «La population aurait dû être en mesure de comprendre les avertissements. Il ne sert à rien d'avoir des modèles informatiques à la pointe, capables de prédire ce qui va se passer, si les gens ne savent pas quoi faire en cas d'inondation.»
En effet, les modèles avaient vu l'inondation venir. Le système européen d'alerte aux inondations, Efas, avait «tiré la sonnette d'alarme le 10 juillet, soit quatre jours avant les premières inondations, et averti les gouvernements allemand et belge du risque élevé d'inondation dans les bassins du Rhin et de la Meuse».
Des prévisions précises
Selon Hannah Cloke, les autorités allemandes avaient reçu, au moins 24 heures à l'avance, une prédiction presque précise des districts qui seraient touchés par les inondations, notamment les zones situées le long de la rivière Ahr, où plus de 93 personnes ont ensuite trouvé la morts. D'autres victimes seront probablement découvertes à mesure que l'eau s'écoulera et que les montagnes de débris seront déblayées.
Hannah Cloke admet que tous les emplacements n'ont pas pu être définis avec précision, mais qu'il y aurait suffit d'avertir une grande zone de manière exhaustive et de lancer des évacuations si nécessaire. Elle a déclaré à la chaîne publique allemande ZDF que les données avaient été transmises à l'Allemagne, mais qu'il y avait ensuite eu une lacune dans le système: «mais quelque part, cette chaîne d'avertissements a ensuite été rompue, de sorte que les messages ne sont pas parvenus à la population».
De la musique à la radio au lieu d'avertissements
Par exemple, alors que la Wupper a débordé de ses berges à Wuppertal dans la nuit de jeudi à vendredi, provoquant le déclenchement de sirènes et le passage de camions équipés de haut-parleurs dans les rues de la ville, aucune annonce d'avertissement n'a été diffusée à la radio publique, qui a continué sa programmation musicale nocturne.
Le service météorologique allemand (DWD), auquel les avertissements de l'Efas étaient parvenus, ne se considère pas comme responsable de ne pas avoir alerté la population. Un porte-parole du DWD a déclaré à ZDF: «Nous avons fait ce que nous devions faire». En ce qui concerne les municipalités individuelles, il a déclaré qu'elles avaient «averti de précipitations pouvant atteindre 200 litres par mètre carré» un jour avant la catastrophe. Il semblerait enfin que le service météorologique blâme les médias: les avertissements transmis par le DWD n'avaient pas été partagés «par tous les médias».