La Russie a consenti à prolonger l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes. Au terme d'une réunion lundi à Genève, elle a toutefois précisé qu'elle n'acceptait qu'une extension de deux mois. «Notre position à l'avenir sera établie sur des avancées tangibles sur la normalisation de nos exportations agricoles», a affirmé le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Verchinine, dans une déclaration écrite. «Pas en mots, mais dans les faits», ajoute-t-il.
Moscou est fâchée parce qu'elle estime que les Occidentaux n'honorent pas l'arrangement entre la Russie et l'ONU pour exempter des sanctions les exportations d'engrais russes. Pour autant, elle n'oppose aucune objection à un prolongement de l'accord sur les exportations ukrainiennes, qui arrive à échéance samedi prochain. Au lieu de quatre mois jusqu'à présent, l'extension n'est garantie que pour la moitié de cette période, selon la décision russe.
Lors de cette rencontre très attendue, l'ONU était représentée à la fois par le chef des affaires humanitaires, Martin Griffiths, et par la secrétaire générale de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), Rebeca Grynspan.
L'objectif était d'aboutir au renouvellement de l'accord qui garantit l'exportation de céréales depuis l'Ukraine depuis quelques mois. Mais la Russie est fâchée parce que ses exportations d'engrais sont elles-mêmes largement bloquées par les Occidentaux. M. Griffiths n'avait pas caché récemment que l'accord était dans une «situation difficile». Ce dispositif a permis d'acheminer des dizaines de millions de tonnes de céréales vers d'autres pays, notamment l'Est de l'Afrique, qui en dépend largement.
Dans la balance, une crise alimentaire majeure
Renouvelé tous les quatre mois, l'accord contribue à éviter une crise alimentaire mondiale. Mais la Russie, en contrepartie, avait obtenu un autre arrangement, sans limite de temps, pour que ses exportations d'engrais échappent aux sanctions. Elle affirme que ce volet n'est pas honoré par les Occidentaux. La semaine dernière, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est rendu en Ukraine pour aborder la situation avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. Il s'est également entretenu par téléphone avec M. Verchinine.
L'accord «a contribué à faire baisser le coût mondial des denrées alimentaires et a apporté une aide cruciale aux populations qui paient également un lourd tribut à cette guerre, en particulier dans les pays en développement», avait souligné le chef de l'ONU. Il a rappelé que les céréales et engrais ukrainiens, mais aussi russes, étaient «essentiels pour la sécurité alimentaire mondiale et les prix des denrées alimentaires», sur fond d'inflation généralisée dans de nombreux pays du monde.
Plusieurs États occidentaux, dont les États-Unis, ont appelé les Russes à ne pas bloquer le renouvellement de cet accord. Jeudi dernier, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait estimé que les négociations étaient «compliquées». «On ne peut prolonger que ce qui est déjà appliqué», a-t-il insisté.
(ATS)