Alors que des milliers de volontaires, issus d'une quarantaine de pays, s'étaient donnés rendez-vous le 12 juin en Egypte pour réclamer un couloir humanitaire vers Gaza, en marchant vers Rafah, point de passage frontalier entre l'Egypte et Gaza, un obstacle majeur s'est dressé contre eux: le gouvernement égyptien lui-même. Beaucoup d'internautes se sont interrogés, parmi les lecteurs de Blick, comment se fait-il que ce pays, qui soutient historiquement la cause palestinienne, ait forcé les activistes de nombreux pays à retourner chez eux.
En réalité, le gouvernement égyptien n'a pas voulu prendre le risque d'une confrontation avec Israël. Le 10 juin, le Ministère israélien de la Défense a directement interpellé le Caire, sommant son voisin de bloquer les «provocations» pro-palestiniennes et de soumettre à des «autorisations préalables» toute action de militants étrangers sur son territoire. Les convois en provenance du Maghreb étaient particulièrement visés. «J'attends des autorités égyptiennes qu'elles empêchent l'arrivée de manifestants jihadistes à la frontière israélo-égyptienne et qu'elles ne les autorisent pas à se livrer à des provocations ou à tenter d'entrer dans la bande de Gaza», a indiqué le ministre israélien de la Défense, Israël Katz dans un communiqué.
Faible tolérance aux manifestations
Le 11 juin, Le Caire n'a pas tardé à obtempérer: un communiqué du ministère des Affaires étrangères égyptien a affirmé conditionner tout accès à la frontière avec Gaza à l'octroi d'une autorisation préalable, sans donner plus de détails. Sur le terrain, les interpellations de masse ont suivi, des descentes de police ont eu lieu dans plusieurs hôtels du centre du Caire où plusieurs délégations séjournaient, suivis de rapatriements des centaines d'activistes, placés dans des avions retour.
En même temps, Le Caire, qui a toujours poursuivi la voie diplomatique, a souligné qu'il importait «de faire pression sur Israël pour lever le siège de la bande de Gaza et permettre l'accès humanitaire».
Plus généralement, l'Egypte est un pays connu pour sa faible tolérance aux manifestations. Depuis l'arrivée au pouvoir du maréchal Abdel Fattah al-Sissi, devenu président en 2013, les autorités égyptiennes ont adopté une ligne dure envers toute forme de dissidence ou de protestation. Une loi adoptée depuis 2013 limite fortement le droit de manifester. Elle impose une autorisation préalable du ministère de l'Intérieur, et autorise les forces de sécurité à disperser les rassemblements non autorisés.
Des personnes sont également arrêtées pour avoir participé à des rassemblements ou exprimé des critiques sur les réseaux sociaux. Sont visés aussi bien des opposants politiques que des citoyens ordinaires, journalistes, avocats, ou défenseurs des droits humains.
Dès lors, les manifestations spontanées sont devenues très rares, car elles sont perçues comme risquées. Des organisations comme Amnesty International ou Human Rights Watch dénoncent régulièrement ces pratiques.