«Ils nous ont arrêtés et ont saisi nos passeports»
En Egypte, la marche pour Gaza stoppée net dans le désert

Sous un soleil écrasant, des centaines d’activistes de la «Global March to Gaza» sont bloqués depuis des heures aux portes du désert égyptien. Passeports confisqués, chaleur accablante, incertitude totale: leur marche de solidarité vire à l’épreuve.
Publié: 13.06.2025 à 17:44 heures
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Dernière mise à jour: 08:22 heures
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Ecrasés par le soleil, une centaine de participants à la «Global March to Gaza» tiennent bon malgré l’attente.
Photo: D.R.
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Lucie FehlbaumJournaliste Blick

Le temps commence à devenir long sur la route d’Ismaïlia. Bloquée depuis des heures à El Sorouk, une ville située à l’est de la capitale égyptienne, sous un soleil de plomb, une centaine de participants de la «Global March to Gaza» prennent leur mal en patience. Sans savoir à quelle sauce ils seront mangés.

Au jeu du chat et de la souris, les autorités égyptiennes ont remporté la première manche face aux 5000 activistes venus du monde entier. Ce vendredi 13 juin, la marche mondiale, qui devait se mettre en branle dès 8h du matin au Caire, avait déjà été reportée une première fois. A 11h15, les participants étaient finalement invités, via un canal Telegram, à se rendre en taxi, par leurs propres moyens, à Ismaïlia, une ville située à environ 120 km du Caire.

Pas plus de deux ou trois par voiture, et un mot d’ordre: «Ressemblez à des touristes!» Des précautions qui se seront avérées inutiles. Si certains activistes ont réussi à passer les points de contrôle sans encombre, une majorité a vu sa course se terminer de façon abrupte.

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«On n’a rien fait d’illégal»

«Ils nous ont arrêtés, saisi nos passeports, sans donner plus d’informations. Mais on a vite compris qu’ils cherchaient à nous séparer. Ils ont demandé aux Français de se mettre dans un coin, aux Suisses dans un autre. Idem pour les Canadiens», témoigne Marine, une Lausannoise de 34 ans, bloquée au premier péage. «Il faut qu’on reste unis. On n’a rien fait d’illégal. Les autorités nous font du chantage en nous promettant de nous rendre notre passeport à condition qu’on monte dans le bus affrété par leurs soins. Sans savoir où elles comptent nous emmener.»

«Ils nous ont arrêtés, saisi nos passeports, sans donner plus d’informations», témoigne Marine, une Lausannoise de 34 ans.
Photo: D.R.

John est le doyen du groupe. Cet Américain de 82 ans, tout de blanc vêtu, se promène avec un parapluie pour se protéger – un peu – du soleil écrasant. «Nous sommes tous ici pour la même raison: par compassion, et pour soutenir le peuple palestinien face à toute la souffrance qu’il endure.» Son passeport a été confisqué, mais il espère encore s’en sortir en prétendant faire partie d’un voyage organisé pour seniors. Il sourit: «J’ai 82 ans, je devrais être à la maison en train de siroter une bière fraîche. Mais il était de mon devoir de venir ici. Je ne peux plus ne rien faire.»

«Nous sommes tous ici pour la même raison: soutenir le peuple palestinien face à toute la souffrance qu’il endure», confie John.
Photo: D.R.

Deux participantes, Helen McDuff, 62 ans, et Ciara Hawkins, 52 ans, ont fait un malaise lié à la chaleur. «Elles ont dû attendre plus d’une demi-heure avant qu’une ambulance ne vienne les prendre en charge», raconte Georgi, une Irlandaise âgée de 30 ans. «On a essayé de les aider, en les mettant à l’ombre. J’ai vraiment eu très peur pour elles. L’une des deux ne répondait plus à aucune stimulation.» Georgi n’a plus de nouvelles. «On ne sait pas où elles ont été emmenées. Probablement déportées à l’aéroport.» A 18h, les participants de la délégation suisse sont toujours bloqués au bord de la route. Et ne comptent pas lever le camp.

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