La terreur comme discipline
Les punitions cruelles et choquantes infligées aux déserteurs russes

Des vidéos choc révèlent les punitions infligées aux soldats russes accusés de désertion. Un système brutal, fondé sur la peur, que Moscou cherche à taire.
Publié: 29.07.2025 à 14:03 heures
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Dernière mise à jour: 29.07.2025 à 19:54 heures
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Le «sacrifice à Baba Yaga» fait partie des châtiments que peuvent subir des soldats russes.
Photo: Telegram
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Solène MonneyJournaliste Blick

Attachés à des arbres, traînés par des jeeps ou enfermés nus dans des conteneurs métalliques: certaines vidéos diffusées sur les réseaux sociaux révèlent la brutalité extrême qui règne au sein de l’armée russe. Face à une vague massive de désertions, des commandants infligent des punitions d’une cruauté saisissante à leurs propres soldats, rapporte CNN lundi 28 juillet. Derrière ces images glaçantes, c’est tout un système fondé sur la peur, l’humiliation et la violence qui se dessine.

Parmi ces pratiques, l’une des plus terrifiantes consiste à livrer volontairement des soldats aux drones ukrainiens en les attachant à des arbres. Cette mise en scène, baptisée «sacrifice à Baba Yaga», du nom d’une sorcière effrayante du folklore slave, incarne la peur viscérale que suscitent ces engins dans les rangs russes.

Ces exécutions déguisées seraient destinées à punir la désertion, un phénomène massif depuis le début de l’invasion de l’Ukraine en 2022. Des dizaines de milliers de Russes auraient fui le front, selon des estimations concordantes.

«Sacrifice à Baba Yaga» ou «le manège»

Dans l’une des vidéos, apparemment filmée en hiver, un soldat, ligoté à un arbre, explique avoir tenté de fuir après avoir aperçu un drone ukrainien, rapporte CNN. Blessé puis capturé, il est ramené par ses camarades et attaché avec un vieux câble. Visiblement paniqué, il lève les yeux vers le ciel, tandis qu’une voix derrière la caméra le prévient: «Si le drone vient ici, il va tout lâcher sur toi.» La séquence s’interrompt, laissant planer le doute sur son sort.

D’autres vidéos montrent des soldats maltraités: certains sont enfermés nus dans des réservoirs métalliques et humiliés, d’autres traînés derrière un véhicule militaire dans une punition surnommée «le manège». L’un est battu à coups de pied après avoir été attaché à un arbre avec un seau rouillé sur la tête, puis se fait uriner dessus.

«La violence est ce qui maintient l’armée russe en vie et la soude», affirme Grigory Sverdlin, fondateur de l’ONG Get Lost, qui aide les hommes à fuir la conscription. Le chiffre exact des déserteurs est difficile à établir, mais selon l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW), les données internes du ministère russe de la Défense évoquent jusqu’à 50'000 cas. 

Des appels désespérés

Sur Telegram, des vidéos témoignent du désespoir des soldats et de leurs familles. Elles offrent un aperçu des raisons qui poussent ces hommes à fuir. Dans l’une d’elles, un soldat nommé Yuri Duryagin s’adresse directement à Vladimir Poutine. Envoyé sur le front dans la région de Donetsk, il raconte qu’en raison du manque d’équipement et de munitions, seuls 32 hommes de sa compagnie ont survécu à un assaut, sur environ 150 au départ.

Il affirme en plus n’avoir même pas reçu 20% de sa solde, et que ses supérieurs lui ont déconseillé de se plaindre. Selon lui, les morts seraient dissimulées pour éviter d’avoir à verser des compensations aux familles. Pire encore, il accuse même un commandant d’avoir exécuté des soldats récalcitrants: «Il mettait les gens contre le mur parce qu’ils refusaient simplement d’aller se faire massacrer face à une mitrailleuse.»

Les estimations des gouvernements occidentaux et des instituts de recherche évoquent près d’un million de soldats russes tués ou blessés depuis février 2022. Rien qu’en 2025, l’OTAN estime à 100’000 le nombre de morts dans les rangs russes. L’Ukraine n’est pas épargnée par les problèmes de moral ou de désertion. Mais, selon Grigory Sverdlin, un sentiment semble bien moins présent dans ses troupes: le doute quant à la légitimité du combat. «Ce n’est pas ma guerre, ce n’est pas notre guerre… Je ne comprends pas ce que nous faisons ici», diraient régulièrement les soldats russes qu’il aide à fuir.

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