La Cour constitutionnelle du Kirghizstan a débuté mercredi l'examen d'un projet de loi défendu par le président Sadyr Japarov pour réintroduire la peine de mort dans ce pays d'Asie centrale, proposition à laquelle est opposé le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits humains.
Ce projet de loi prévoit la «possibilité d'appliquer la peine de mort à titre exceptionnel pour les crimes sexuels particulièrement graves commis sur des enfants, ainsi que pour les meurtres commis avec viol», a indiqué la Cour constitutionnelle. La date de rendu de l'avis est pour l'heure inconnue, a précisé un porte-parole de la Cour à l'AFP.
Dernière exécution en 1998
Si ce projet de loi est jugé conforme à la Constitution, il devra être présenté au Parlement, où son adoption entraînerait l'organisation d'un référendum pour modifier l'article 25 de la Constitution, avait annoncé début octobre le président Japarov.
Le dirigeant kirghiz avait initié cette proposition après qu'une jeune fille de 17 ans a été violée et tuée fin septembre, affaire très médiatisée dans ce pays d'environ sept millions d'habitants. Sadyr Japarov a mis en avant l'augmentation des viols et homicides contre les femmes et les enfants, ce qui peut aussi s'expliquer par un meilleur recensement des crimes après un renforcement récent de la législation. Au Kirghizstan, le dernier condamné à mort a été exécuté en 1998, avant l'abolition définitive en 2007.
Système judiciaire imparfait
Le Kirghizstan est une ex-république soviétique longtemps considérée comme la plus démocratique des régimes centrasiatiques autoritaires, mais plusieurs ONG dénoncent une dégradation de la situation sous la présidence de Sadyr Japarov.
Fin octobre, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits humains, Volker Türk, s'était opposé à la réintroduction de la peine capitale et avait averti qu'une telle mesure «constituerait une grave violation du droit international». Selon lui, «l'abolition de la peine de mort est juridiquement irrévocable pour les États qui ont accepté» des traités internationaux en sa faveur, dont le Kirghizstan.
Des organisations kirghizes de défense des droits humains ont également appelé à améliorer les enquêtes et la formation des forces de l'ordre dans ce pays où le système judiciaire reste imparfait et la corruption présente. Au 31 décembre 2024, 145 pays ont aboli la peine de mort en droit ou en pratique, selon Amnesty International, qui a recensé au moins 1518 exécutions en 2024, soit une hausse de 32% sur un an.