Quelle est la puissance économique du «Golden State»?
Les Californiens rêvent d'un «Calexit», avec les Suisses en première ligne

Le conflit entre la Californie et le gouvernement fédéral s'envenime en raison des manifestations à Los Angeles. Le rêve d'un «Calexit» n'en est que ravivé. Le «Golden State» peut-il devenir indépendant? Et quelle est la part de la Suisse dans tout cela?
Publié: 11.06.2025 à 16:46 heures
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Photo: keystone-sda.ch
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Nicola Imfeld

«Le moment que nous redoutions est arrivé.» Les mots prononcés par le gouverneur de la Californie Gavin Newsom font référence à la menace publique par Donald Trump de le faire emprisonner. 

Ces derniers jours, le président américain joue à la démonstration de force face au gouverneur démocrate: 4000 soldats de la garde nationale et 700 Marines ont été envoyés par Trump lui-même à Los Angeles afin d'endiguer les protestations, parfois violentes, contre sa politique migratoire. Gavin Newsom a déjà porté plainte contre le président à ce sujet, et dans la nuit de mardi à mercredi, il a même traité ce dernier de «dictateur».

Et que font les Californiens lorsqu'ils sont en colère contre le gouvernement fédéral de Washington? Ils font un peu comme les Britanniques: ils se prennent à rêver d'un «Calexit», c'est-à-dire la séparation de la Californie des Etats-Unis, à la façon du Brexit (qui s'est concrétisé) ou du Frexit (qui ne s'est pas concrétisé), et dont il est régulièrement fait mention. 

La Californie est la locomotive économique des USA

Selon le dernier sondage de janvier 2025, six Californiens sur dix affirment qu'ils se porteraient mieux en cas de séparation pacifique. Le rêve de l'indépendance californienne est donc bien vivant, et fait à nouveau l'objet de discussions animées sur les réseaux sociaux.

Ironiquement, Trump reproche à Gavin Newsom d'avoir mis en faillite le «Golden State». Le président américain souhaite personnellement redonner son âge d'or à la Californie, et la rendre ainsi «Great Again». En effet, cet Etat est la locomotive économique de l'Amérique.

Les chiffres d'une puissance économique

Les données sont impressionnantes: le produit intérieur brut (PIB) s'élevait en 2024 à plus de 4100 milliards de dollars américains, la Californie contribuait ainsi à 14% de la performance économique totale des Etats-Unis. Aucun autre Etat américain ne s'approche de ces chiffres. 

En comparaison, le Texas se situe à 2700 milliards de dollars, New York à environ 2300 milliards de dollars, et le port de Los Angeles est la porte américaine sur le monde, qui gère environ 40% de toutes les importations américaines.

Si le «Golden State» était un pays à part entière, il se classerait même au quatrième rang des plus grandes économies mondiales, juste derrière l'Allemagne, mais devant des pays comme le Japon, l'Inde ou la Grande-Bretagne. Et il ne faut pas oublier: la Silicon Valley, Hollywood, les plus grandes universités et institutions de recherche ont leur siège en Californie.

La Suisse aussi y est profondément enracinée économiquement, technologiquement et socialement. Aucune autre région américaine n'attire autant d'entreprises suisses. 

Environ 12% de tous les employés d'entreprises suisses aux Etats-Unis y travaillent. Et cela va de la pharmacie et de la technique médicale à la numérisation et aux biens de consommation, en passant par la construction de machines. Des géants comme Roche, Nestlé, Logitech ou Sika exploitent en Californie des sites importants, des laboratoires de recherche ou des sièges régionaux.

Selon les estimations, une part substantielle des plus de 300 milliards de dollars investis au total par les entreprises suisses aux Etats-Unis est destinée à la Californie. Selon la chambre de commerce californienne, la Suisse était même en 2023 le sixième investisseur étranger dans l'Etat fédéral, avec plus de 54'000 emplois créés. Et avec plus de 92'000 Suisses, la Californie compte la plus grande communauté d'expatriés rouge et blanc aux Etats-Unis.

Que faudrait-il pour un Calexit?

Les envies de Calexit de la Californie s'inscrivent d'ailleurs dans un schéma bien connu: que ce soit en Catalogne (Espagne), en Bavière (Allemagne), en Italie du Nord ou au Québec (Canada), la région qui est le moteur économique d'un pays aime jouer avec l'idée qu'elle pourrait s'en défaire. 

Mais Gavin Newsom ne peut pas déclarer l'indépendance par un simple référendum. En effet, la Constitution américaine ne prévoit pas la possibilité pour les Etats fédérés de se retirer légalement des Etats-Unis d'Amérique. La seule solution serait de modifier la Constitution et pour cela, il faudrait l'accord de deux tiers du Congrès américain. Mais il est quasiment exclu que les délégués de tous les autres Etats fédéraux laissent justement cette locomotive économique prendre son indépendance… 

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