Torture, viols, exécutions
L'ONU accuse le M23 de crimes contre l'humanité en République démocratique du Congo

L’ONU accuse le M23, l’armée congolaise et des milices d’avoir commis des crimes de guerre et contre l’humanité dans l’est de la RDC. Le rapport dénonce exécutions, tortures, violences sexuelles et recrutements forcés, avec un million de déplacés.
Publié: 13:08 heures
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D'anciens membres des Forces armées de la RDC et des policiers qui se seraient rendus aux rebelles du M23.
Photo: keystone-sda.ch
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ATS Agence télégraphique suisse

Toutes les parties au conflit dans l'est de la RDC ont perpétré des actes équivalant à des crimes contre l'humanité ou des crimes de guerre, selon l'ONU. Celle-ci met notamment en cause le groupe armé M23 qui a accepté cette semaine d'être accompagné sur le DIH par l'Appel de Genève.

Dans un rapport publié vendredi à Genève, la mission d'établissement des faits du Haut-Commissariat aux droits de l'homme insiste sur la «gravité et la nature très répandue des violations et abus perpétrés par toutes les parties». Les violences en début d'année ont fait des milliers de victimes. Un million de personnes au total ont été déplacées. Dans une évaluation intermédiaire publiée en juin, ces experts ne parlaient que de possibles crimes de guerre du M23.

Jeudi soir, le directeur général de l'Appel de Genève Alain Délétroz avait annoncé que ce groupe armé, qui contrôle Goma dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) et est soutenu par le Rwanda, a accepté un protocole d'accord avec l'ONG. Pour la première fois, ses responsables vont être encadrés sur le droit international humanitaire (DIH).

Exécutions, tortures et recrutements forcés

«Les atrocités mentionnées dans ce rapport sont horribles», a affirmé le Haut commissaire Volker Türk. Il dénonce «la déshumanisation de la population civile par ceux qui sont aux responsabilités» et demande des investigations «rapides» et «indépendantes» sur toutes les violations.

Le M23 avait largement investi le Nord et le Sud-Kivu. Il a mené «une campagne d'intimidation et de répression violente» récurrente, déclinée dans «des violations quotidiennes» organisées, planifiées et dotées de ressources, explique le rapport.

Des exécutions sommaires, de la torture, des disparitions et des recrutements forcés contre toute personne considérée comme s'opposant à lui ou comme une menace, affirment la mission mandatée par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU.

Armée et milices également épinglées

Des violences sexuelles, notamment en détention, ont également été perpétrées, y compris de l'esclavage sexuel. Le Haut-Commissariat avait annoncé il y a quelques mois que leur nombre avait augmenté de 270% de janvier à février. «Les viols ont été répétés sur des périodes prolongées», affirme la mission. Le conflit a aussi eu un impact important sur les enfants, des centaines d'entre eux ayant été détenus par le M23. Plusieurs ont eux été tués.

Outre le M23, l'armée congolaise et ses milices affiliées comme le Wazelendo sont également accusées de crimes de guerre dans le rapport. En juin dernier, les experts affirmaient devoir encore mener des investigations sur l'attitude de ces entités. Ils estiment toujours que des efforts supplémentaires sont requis pour établir si elles sont responsables ou non de crimes contre l'humanité.

Durant leur recul en janvier et février au moment où le M23 avançait sur Goma, ils ont eux aussi perpétré des violences sexuelles, surtout des viols contre des femmes, et des pillages. Des civils ont aussi été délibérément tués.

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