Le gouverneur de l’Etat le plus grand des Etats-Unis en révolte ouverte contre la Maison Blanche. Une hiérarchie militaire de plus en plus inquiète des abus de pouvoir de son «commander in chief». L’homme le plus riche du monde presque passé dans le camp de ses opposants. Et des rassemblements se multiplient dans de nombreuses grandes villes du pays pour dire «non» à son administration…
Voici le vrai bilan de Donald Trump, à la veille de la très controversée parade militaire organisée le 14 juin à Washington pour le 250e anniversaire de l’armée, mais aussi pile à la date de son anniversaire! Trump est aujourd’hui de plus en plus dénoncé comme «un roi» qui bafoue la constitution de la République. Avec, depuis quelques jours, un élément nouveau qui pourrait tout changer: la convergence des oppositions, et l’apparition d’un leader potentiel pour incarner la contre-offensive du parti démocrate.
Pas de guerre civile
Oui, l’heure de la révolte a sonné aux Etats-Unis. Elle ne signifie pas que le pays va s’enfoncer vers une guerre civile. L’essentiel de ce pays continent est calme, et la grande majorité des Américains attendent avant tout les résultats économiques de l’administration Trump, qui vient d’annoncer un accord commercial avec la Chine, son adversaire numéro 1. Le locataire de la Maison Blanche n’est pas assiégé. Son Secrétaire à la défense Pete Hegseth, qui a été auditionné par la Chambre des Représentants sur l’envoi de 700 Marines à Los Angeles, a défendu son patron bec et ongles.
Deux sommets à venir vont en plus permettre à Trump de reprendre l’initiative sur le plan international: celui du G7 au Canada du 15 au 17 juin, et celui de l’OTAN à La Haye les 24 et 25 juin, avec les 29 pays alliés membres de la plus puissante coalition militaire mondiale.
Ce qui a changé se résume en 5 points.
Trump est associé au chaos
Il faut bien comprendre que les Américains veulent à la fois de l’autorité et de la stabilité. Autorité contre l’afflux de migrants illégaux? Oui. Mais ils veulent aussi que le gouvernement fédéral respecte les règles et les Etats. Plus Trump devient synonyme de chaos, plus ses adversaires regagnent du terrain. Et plus les «adultes» (le surnom de ces conseillers les plus raisonnables) s’imposent à la Maison Blanche. Sans surprise, l’homme qui domine aujourd’hui est Scott Bessent le Secrétaire au Trésor.
Trump a un opposant en chef
Gavin Newsom était un gouverneur de Californie très mal en point il y a encore dix jours. Les incendies dévastateurs à Los Angeles en janvier lui avaient porté un coup très rude. Or voilà que ce démocrate modéré, très sécuritaire, se retrouve dans la position idéale du défenseur de la Constitution, des droits des Etats, et du respect de la loi dans la déportation des migrants clandestins. Mieux: Newsom peut puiser, en Californie, dans le réservoir d’idées, de technologie et d’argent que représente la Silicon Valley. La preuve? Plus personne ne parle ces jours-ci d’une possible candidature de l’ex-vice-présidente Kamala Harris pour lui succéder en 2026.
Trump est contesté partout
Jusque-là, les principaux rassemblements d’opposants à Trump avaient lieu lors des rassemblements organisés par le Sénateur indépendant Bernie Sanders et la représentante démocrate Alexandria Ocasio-Cortez. Il y avait aussi, à Washington et dans quelques grandes métropoles, des manifestations d’employés licenciés du gouvernement fédéral. Désormais, la brutalité des agents des services de l’immigration (connu sous l’acronyme ICE) mobilise de plus en plus de gens. Une contestation en peau de léopard s’installe dans le pays.
Trump n’a pas de résultats
Bien sûr, Donald Trump n’est président que depuis le 20 janvier. Le juger sur son bilan de cinq mois a donc peu de sens. Sauf qu’il a tout promis, et tout de suite! Or à l’exception de la fournée de contrats mirifiques ramenés de sa tournée dans le Golfe, de son préaccord avec l’Ukraine sur les terres rares, et du potentiel accord commercial avec la Chine (à vérifier), Trump est bredouille. Le massacre perdure à Gaza. La paix s’éloigne en Ukraine. Poutine lui résiste. Le Groenland n’est toujours pas conquis et le Canada lui a dit non. Côté migrants, sa victoire est la quasi-fermeture de la frontière avec le Mexique. Mais les expulsions patinent, tout comme le plan de coupes budgétaires fédérales du DOGE, l’ex-département dirigé par Elon Musk.
Trump profite trop
Attention, danger: la famille de Donald Trump redevient une cible pour les médias et pour ses opposants. A Washington, la première sortie du président aux côtés de son épouse Melania pour voir «Les Misérables» au Kennedy Centre – dont la direction a été limogée – a presque viré au fiasco, vus les quolibets d’une partie du public. Les investissements du clan Trump dans les cryptomonnaies sont décriés. Les conflits d’intérêts s’accumulent. A chaque fois, la carapace «MAGA» (Make America Great Again) devient plus vulnérable.