Trois semaines après le retentissant vol de joyaux nationaux au Louvre à Paris, la Cour des comptes française publie jeudi un rapport prévu de longue date sur le plus célèbre musée du monde, dont les premières conclusions déjà dévoilées critiquent la protection des oeuvres. Dans un prérapport, consulté par l'AFP au lendemain du cambriolage qui a eu lieu le 19 octobre, la Cour a pointé «le retard persistant» pris par le musée le plus visité du monde dans le déploiement d'équipements de sécurité pour protéger ses oeuvres.
Le 22 octobre sur la radio française RTL, son président Pierre Moscovici a précisé que les informations révélées dans cette première étude «ne datent pas d'hier» et sont connues de l'administration du musée, qui a accueilli neuf millions de visiteurs en 2024, dont 80% d'étrangers. «On n'est peut-être pas totalement conscient de ce qui se passait, de l'ampleur du problème, mais oui, on savait ce qui se passait», a-t-il assuré, excluant tout lien entre les problèmes de sécurité du grand musée et les restrictions budgétaires.
Les recommandations qui seront formulées par l'institution chargée notamment de contrôler la régularité des comptes des établissements publics nationaux pourraient faire écho aux premières conclusions de l'enquête administrative confiée au ministère de la Culture, après le vol. Dévoilées la semaine passée par la ministre Rachida Dati, ces conclusions ont mis en évidence une «sous-estimation chronique, structurelle, du risque intrusion et vol» par le musée et «un sous-équipement des dispositifs de sécurité».
Une «faille sécuritaire majeure»
La ministre a annoncé des mesures pour répondre à une «faille sécuritaire majeure» à l'extérieur du musée, notamment la mise en place «avant la fin de l'année» de «dispositifs anti-voiture-bélier, anti-intrusion». Elle a en outre demandé à la présidente-directrice du Louvre, Laurence des Cars, qui dirige le musée depuis septembre 2021, de «revoir la gouvernance» de l'établissement et de créer «une nouvelle direction de la sûreté et de la sécurité au niveau de la présidence» du musée.
Un conseil d'administration du Louvre doit se réunir «en urgence» vendredi. Sous pression depuis le cambriolage à la portée planétaire, Laurence des Cars a reconnu des failles dans le dispositif de sécurité du musée devant la commission des Affaires culturelles du Sénat qui l'auditionnait, il y a deux semaines.
Le jour du casse, quatre malfaiteurs ont pu garer un camion-élévateur au pied du musée, permettant à deux d'entre eux de se hisser avec une nacelle jusqu'à la galerie d'Apollon. Ils ont fracturé une porte-fenêtre et dérobé des joyaux royaux et impériaux d'une valeur de 88 millions d'euros, et d'une valeur patrimoniale inestimable, en ouvrant les vitrines qui les protégeaient à l'aide de disqueuses avant de s'enfuir via le même chemin.
Quatre personnes dont trois soupçonnées d'avoir directement participé au casse ont été mises en examen et écrouées à ce stade. Les bijoux, eux, restent introuvables.