Ils se sont «mis à table». A l’issue de leur garde à vue, les deux individus mis en examen pour leur participation au spectaculaire cambriolage du Louvre, le 19 octobre à Paris, ont commencé à faire des aveux. Selon des fuites policières, relayées par des médias français, les deux suspects, connus des services pour avoir commandité des braquages de distributeurs automatiques de billets «à la voiture-bélier» auraient donné des détails sur ce que beaucoup considèrent comme le premier grand casse du siècle.
Ils «ont été impliqués dans une même affaire de vol pour laquelle ils ont été condamnés en 2015 à Paris», a confirmé la procureure de Paris, Laure Beccuau, au micro de Franceinfo dimanche 2 novembre. Ces deux personnes, dont une femme, vont rejoindre en détention préventive les deux suspects déjà interpellés et mis en examen. Le premier, âgé de 37 ans, avait été condamné onze fois, notamment pour des vols aggravés. Le second est dans le même cas.
Quatre suspects en détention
Tous deux viennent de Seine-Saint-Denis. Les suspects incarcérés sont donc aujourd’hui au nombre de quatre, pile deux semaines après le vol des bijoux de l’Empereur Napoléon III et de l’Impératrice Eugénie, évalués à 88 millions d’euros. Même si leur valeur marchande, une fois désossés et leurs pierres retaillées, pourrait être quinze fois moindre, autour de 3 à 4 millions
Les informations les plus importantes dévoilées par ces malfrats, selon la procureure de Paris, portent sur leur modus operandi. La procureure de Paris, Laure Beccuau, a ainsi exclu, après avoir compulsé les procès-verbaux d’audition, des complicités au sein du personnel du musée. Est-ce un leurre pour éviter la disparition de personnes ou de traces? Possible. «Nous tirons des fils qui ne sont, pour le moment, absolument pas rompus», a ajouté la magistrate, en utilisant des expressions volontairement floues. Huit bijoux ont été volés. Ils pourraient aujourd’hui être dans les mains d’opérateurs spécialisés «au sein du marché parallèle».
Bijoux introuvables
Si les pièces dérobées demeurent introuvables, plusieurs noms d’orfèvres capables de recycler de telles pièces auraient été donnés par les derniers suspects interpellés. Parmi ceux-ci, plusieurs attendaient tranquillement dans la file des supporters pour assister au match de ligue 1 de football, Paris FC contre l’Olympique lyonnais, mercredi 29 octobre. Sous l’effet de surprise, les suspects n’ont pas eu le temps de réagir. Leur interpellation a été rapide et sans heurts. Une cinquième personne a été interpellée plus tard dans la nuit à son domicile à La Courneuve, ici en Seine-Saint-Denis. Trois individus ont ensuite été relâchés, faute d’éléments à charge.
Comme lors des premières interpellations, les traces ADN ont joué un rôle déterminant. L’un des suspects a «matché» avec les prélèvements récupérés au Louvre et aux abords du musée. C’est lui qui pilotait l’un des scooters emprunté par les voleurs présumés jusqu’à l’entrée de l’autoroute du sud, le dimanche 19 octobre, avant qu’une voiture prenne le relais. Selon des sources policières, la garde à vue aurait permis d’établir les premiers moments des bijoux, après le hold-up. Ce qui s’est passé ensuite n’est en revanche pas encore clair.