Un cambriolage commandité par un «large groupe»? Pas exclu. Un vol spectaculaire de bijoux royaux destinés à satisfaire l’appétit d’un acheteur-receleur? Possible. Lors de sa conférence de presse de ce mercredi 29 octobre, la procureure de Paris, Laure Beccuau, n’a rien exclu. L’amateurisme des deux cambrioleurs interpellés samedi 25 octobre a été confirmé par ses explications. Mais le détail de l’enquête policière n’a pas fait l’objet de révélations, alors que les investigations se poursuivent et que deux complices demeurent en cavale.
Pourquoi ce cambriolage?
La procureure de Paris, assistée des principaux responsables policiers impliqués dans l’enquête, est restée muette sur les motivations supposées des deux individus interpellés le 25 octobre. Agissaient-ils pour un commanditaire? Ce n’est pas exclu. «Il est encore possible de restituer les bijoux», a-t-elle d’ailleurs déclaré, ce qui accréditerait l’hypothèse d’un recel. Le profil des cambrioleurs et leur modus operandi, en revanche, témoignent d’une part d’improvisation ou d’amateurisme. Autre fait évoqué par la magistrate: l’absence, à ce stade, de complicités avérées au sein du personnel du Louvre.
Qui sont les deux suspects arrêtés?
Les deux hommes demeurent présumés innocents au regard du droit. Pourquoi? Parce que leur présence sur place, dans la salle Apollon du Louvre où les vitrines de bijoux ont été fracturées, a été confirmée sans contestation possible par les tests ADN. Une centaine de prélèvements ont été effectués, à la fois dans la galerie Apollon et près de la nacelle de déménagement que le commando a tenté d’incendier, garé le long du mur de l’ex-Palais Royal.
Le premier individu, arrêté samedi 18 octobre à 20 heures à l’aéroport Charles de Gaulle en partance pour l’Algérie (sans billet retour) est de nationalité algérienne. Il est âgé de 34 ans. Il vivait en France depuis 2010. Il était connu de la police pour des faits de délinquance routière. Son complice, âgé de 39 ans, est né en France. Il a été interpellé le même jour près de son domicile, à Aubervilliers, au nord-est de Paris.
Une enquête policière parfaite?
La procureure de Paris a confirmé que plus d’une centaine de policiers sont, depuis les faits, mobilisés par cette enquête. Leur travail a permis de réunir 189 scellés «de toute nature» au sein du Louvre et sur la voie publique. Le plus gros travail a été la compilation des images vidéo du musée et de la ville de Paris. Celles-ci ont permis de cartographier exactement l’itinéraire des cambrioleurs, dont les deux complices qui pilotaient les scooters utilisés pour fuir. Les 96 heures de garde à vue des deux cambrioleurs ont aussi été effectives: l’homme arrêté à Aubervilliers a avoué avoir commis un vol de distributeur automatique à la voiture bélier. Fait important: ce ne sont pas des cheveux, ou leur gilet jaune abandonné sur place qui a permis de les identifier.
Bientôt, d’autres arrestations?
Les deux complices des individus arrêtés sont sans doute déjà identifiés. Il est assez probable que durant leur garde à vue, les deux cambrioleurs ont lâché des informations et peut-être des noms. L’un et l’autre ont été mis en examen pour «vol en bande organisée» et «association de malfaiteurs». Ils risquent 15 ans de prison et une très forte amende, calculée sur le montant des bijoux dérobés, évalué par le Louvre à 88 millions d’euros. Le plus important, maintenant que les cambrioleurs sont interpellés, est de connaître la destination des bijoux dérobés en 4 minutes passées sur place, et sept minutes au total.
Des bijoux vraiment invendables?
Les bijoux sont «invendables» a prévenu la procureure de Paris qui a averti tout acheteur potentiel: mettre la main sur ces joyaux du Second Empire, sera considéré comme du recel. La magistrate a également affirmé que la couronne de l’Impératrice Eugénie, l’épouse de Napoléon III, retrouvée sur place «ne pourra pas être restaurée», ce qui laisse supposer des dégâts lors de sa chute. Rien, en revanche, sur la possibilité d’un démantèlement de ces bijoux, pour fondre l’or et récupérer les pierres précieuses. Or des filières existent pour cela. Mais qui prendra le risque de détruire les «bijoux du Louvre»?