Le Royaume-Uni et le Portugal doivent reconnaître officiellement dimanche l'Etat de Palestine, malgré de fortes pressions des Etats-Unis et d'Israël, avant l'arrivée des chefs d'Etats pour la grand-messe de l'Assemblée générale de l'ONU.
Un nombre croissant de pays, longtemps proches d'Israël, ont franchi ce pas symbolique ces derniers mois alors qu'Israël a intensifié son offensive à Gaza, déclenchée par une attaque meurtrière du mouvement islamiste palestinien Hamas en 2023.
Lors d'un sommet lundi coprésidé par la France et l'Arabie saoudite qui doit se pencher sur l'avenir de la solution à deux Etats, une dizaine de pays doivent confirmer leur reconnaissance formelle de l'Etat palestinien. Le Royaume-Uni, longtemps proche allié d'Israël, va faire ce pas dès dimanche, selon les médias britanniques.
La situation se dégrade
Le Premier ministre britannique Keir Starmer avait annoncé en juillet que son pays allait reconnaître un Etat palestinien à l'occasion de l'Assemblée générale de l'ONU, sauf si Israël prenait une série d'engagements, dont celui d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Constatant une dégradation de la situation, le Premier ministre britannique doit confirmer sa décision dimanche, indiquent la BBC, l'agence Press Association ou encore le Guardian.
Keir Starmer avait estimé que cette mesure contribuerait à un véritable processus de paix. En réponse, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu l'a accusé de récompenser le «terrorisme monstrueux».
Le ministère des Affaires étrangères portugais a de son côté confirmé vendredi que le Portugal «reconnaîtra l'Etat de Palestine» dimanche 21 septembre. Fin juillet, Lisbonne avait annoncé cette mesure compte tenu notamment de «l'évolution extrêmement préoccupante du conflit, tant sur le plan humanitaire que par les références répétées à une possible annexion de territoires palestiniens».
Expansion en Cisjordanie
«La reconnaissance d'un État palestinien est une conséquence de la grave expansion que nous observons en Cisjordanie, de la violence des colons que nous voyons en Cisjordanie et de l'intention et des indications que nous voyons de construire, par exemple, le projet E1, qui compromettrait gravement la possibilité d'une solution à deux États», a déclaré le vice-premier ministre David Lammy, qui représentera le Royaume-Uni à l'Assemblée générale des Nations unies, cité dimanche par Press Association.
Le projet E1, approuvé par le gouvernement israélien, est un plan clé de construction de 3400 logements en Cisjordanie, dénoncé notamment par l'ONU car il devrait couper ce territoire palestinien en deux.
«Aucune place pour le Hamas»
«En ce qui concerne ce qui se passe à Gaza... nous devons voir les otages libérés. Il ne peut y avoir aucune place, aucune place du tout pour le Hamas», a souligné David Lammy.
Les trois quarts environ des 193 Etats membres de l'ONU reconnaissent l'Etat palestinien proclamé par la direction palestinienne en exil en 1988. Ces nouvelles reconnaissances interviennent alors qu'Israël a lancé cette semaine une vaste campagne militaire terrestre et aérienne à Gaza-ville, dans le nord du territoire palestinien, pour y anéantir le Hamas.
L'armée israélienne a prévenu vendredi qu'elle allait frapper avec une «force sans précédent» Gaza-ville, après la fuite de près d'un demi-million d'habitants, aggravant la grave crise humanitaire dans ce territoire dévasté où l'état de famine a été déclaré par l'ONU.
Un génocide, selon l'ONU
Mardi, une commission d'enquête indépendante mandatée par l'ONU a établi qu'Israël commettait un génocide contre les Palestiniens à Gaza, ce que les autorités israéliennes ont nié.
L'attaque du 7-Octobre 2023 contre Israël par le Hamas a entraîné la mort de 1.219 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon des données officielles. Selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza, les représailles israéliennes ont coûté la vie à 65.062 Palestiniens, en majorité des civils, dans la bande de Gaza, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007.