Il y a un an de cela, Nicolás Maduro et le président français Emmanuel Macron se serraient la main lors du sommet sur le climat en Egypte. En octobre dernier, les Etats-Unis levaient les premières sanctions contre le Venezuela en raison de la crise énergétique après un accord sur la tenue d'une élection présidentielle libre en 2024.
Le monde commençait à se détendre. L'Occident semblait avoir accepté que Nicolás Maduro soit à la tête du Venezuela.
Le «conducteur des victoires»
Mais ça, c'était avant. Après un référendum douteux, le président vénézuélien a annoncé l'invasion et l'annexion du pays voisin, le Guyana. Immédiatement après le vote, le procureur général a déposé des mandats d'arrêt contre 14 opposants à cette décision, pour prétendu complot, trahison de la patrie et formation d'une organisation criminelle.
Les répercussions sont claires: ceux qui oseront critiquer cette décision seront arrêtés. Nicolás Maduro semble être définitivement entré dans le cercle des dictateurs.
En l'espace de 20 ans, l'homme d'Etat est passé du statut de chauffeur de bus à celui de dirigeant, sous le slogan suivant: «Dieu m'a placé ici pour accomplir une mission: protéger le peuple.» Pas étonnant que les médias du gouvernement le louent comme le «conducteur des victoires».
Un pays entraîné dans l'abîme
Pourtant, son mandat s'apparente davantage à une liste de défaites. L'économie s'est effondrée massivement sous sa gouvernance. En raison de l'hyperinflation (1,4 million de pourcentage en un an), le syndicaliste a supprimé cinq zéros sur les billets de banque Bolivar. Par crainte d'une défaite électorale, il est allé jusqu'à suspendre la possibilité de se retirer.
Mais qui est cet homme qui se définit comme le Messie? Nicolás Maduro est le successeur du leader charismatique Hugo Chávez (1954-2013), qui s'était emparé du pouvoir en 1999 et avait conduit le pays vers un socialisme autoritaire sous les acclamations de la gauche dans le monde entier. Pendant des années, le président nationaliste s'est appuyé sur les ressources naturelles et a couvert le peuple d'essence gratuite, tout en négligeant les investissements et la productivité.
Des millions de personnes en fuite
Dans les années 1970, avant l'arrivée de Hugo Chávez au pouvoir, le Venezuela a connu une période de prospérité. Le pays affichait des performances économiques comparables à celles de la Grande-Bretagne et du Japon.
Aujourd'hui, la situation est tout autre. Environ sept millions de personnes, soit un quart de la population, ont fui le pays au cours des dix dernières années en raison de la répression. Selon Amnesty International, plus de 15'700 arrestations arbitraires ont eu lieu sous Nicolás Maduro pour des motifs politiques.
L'ONU accuse ce proche de Poutine de crimes contre l'humanité. En 2020, les Etats-Unis avaient mis sa tête à prix à hauteur de 15 millions de dollars pour avoir collaboré avec les cartels de la drogue.
Admiré en Suisse
Malgré ses crimes et sa gouvernance qui laisse à désirer, Nicolás Maduro compte des fans dans le monde entier. Parmi eux, l'ancien conseiller national socialiste et professeur de sociologie Jean Ziegler à Genève. «Nicolás Maduro n'est pas un dictateur, mais un homme d'État sûr de lui et responsable», déclare Jean Ziegler à Blick.
Selon le sociologue, le référendum se justifie par les frontières, qui ont été fixées de manière coloniale. Quant à la menace d'une invasion du Guyana, le professeur de l'Université de Genève affirme avec conviction que «Maduro n'est pas un chef de guerre qui planifie arbitrairement des opérations militaires».
Jean Ziegler estime que Nicolás Maduro a raison d'intervenir maintenant et d'arrêter les opposants. Ces derniers voulaient saboter le résultat du vote. Pour le professeur, il s'agit d'une situation dangereuse pour l'existence du Venezuela.
L'opposition est prête
En réalité, la majorité des Vénézuéliens souhaitent le départ de Nicolás Maduro. Son taux d'approbation se situe à 17%. Pour les élections du deuxième semestre 2024, le dictateur devra faire face à la concurrence de María Corina Machado, une candidate d'opposition économiquement libérale et largement soutenue dans le pays.
La candidate réussira-t-elle à libérer le peuple? C'est bien connu: les dictateurs ont leurs petits trucs pour neutraliser les opposants dangereux. Pour ne citer que les plus efficaces: les arrestations ou les déclarations de guerres, qui entraînent l'annulation des élections tant redoutées.