Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) ainsi que plusieurs partis politiques suisses ont souligné l'importance du droit international notamment humanitaire et demandé un retour à la diplomatie, après les frappes américaines en Iran. Ces attaques ont également semé l'inquiétude en Suisse.
Les civils et les infrastructures doivent être protégés, poursuivent sur X dimanche les services du conseiller fédéral en charge des Affaires étrangères Ignazio Cassis. La Suisse se montre «profondément préoccupée par l’escalade dangereuse depuis le 13 juin», ont-ils ajouté.
Tous les diplomates suisses ont dorénavant quitté l'Iran, a précisé dimanche à Keystone-ATS une porte-parole du DFAE. L'ambassadrice Nadine Olivieri Lozano et d'autres collaborateurs ont quitté le pays en voiture dans la nuit de jeudi à vendredi pour se rendre en Azerbaïdjan.
Mandat exercé à distance
Malgré ces départs, le mandat de puissance protectrice des Etats-Unis en Iran est maintenu. Il est exercé depuis Berne. La Suisse s'occupe depuis 1980 de toutes les affaires consulaires des Etats-Unis en Iran. Parmi elles, les demandes de passeport, les changements d'état civil ou la protection consulaire des citoyens américains.
La Suisse reste prête à offrir ses bons offices «si les parties concernées le souhaitent», a encore précisé la porte-parole.
Dommages collatéraux
Par ailleurs, une attaque aérienne a légèrement endommagé l'appartement d'un diplomate suisse à Téhéran. Les demandes de garantie de sécurité formulées par la Suisse à Israël et aux Etats-Unis n'ont pas pu être obtenues, explique la porte-parole, confirmant ainsi des informations parues respectivement sur «Blick.ch» et dans le «Sonntagsblick».
Le DFAE n'était pas en mesure dimanche de chiffrer exactement le nombre de Suisses se trouvant actuellement en Israël et en Iran.
Trump vivement critiqué
Du côté des partis politiques, l'inquiétude est palpable. Le PLR et les Vert'libéraux jugent «très préoccupante» l'escalade entre les Etats-Unis et l'Iran. Les libéraux-radicaux estiment que la Suisse doit «contribuer à la désescalade» et le PVL qu'elle devrait continuer à s'engager pour la protection de la population civile et le retour à la diplomatie.
Le PLR, qui tout comme les Vert'libéraux ne critique pas expressément l'attaque américaine, n'exclut pas des répercussions indirectes pour la Suisse, notamment sur l'approvisionnement énergétique, la sécurité ou la stabilité économique.
Certains des partis pointent néanmoins du doigt directement le comportement belliqueux de Donald Trump. A l'image du président du Centre Gerhard Pfister qui relève les incohérences et le choix final de Donald Trump. Il s'inquiète aussi pour la Suisse.
«Avec cette décision, le président Trump s'éloigne encore davantage, à l'instar de la Chine et de la Russie, d'un ordre mondial fondé sur le droit international pour s'orienter vers une imposition impitoyable de ses propres intérêts de grande puissance», précise le conseiller national zougois. Il considère que ce sont des mauvaises perspectives pour la Suisse.
Violation du droit international?
La gauche constate elle une violation du droit international par l'administration Trump. Le co-président du PS Cedric Wermuth est d'avis que le régime des ayatollahs doit disparaître, mais pas de cette façon.
«Les 20 dernières années ont montré qu'un changement de régime imposé de l'extérieur n'est pas possible», relève l'Argovien.
Les récentes attaques contre l'Iran «montrent à quel point l'armement nucléaire est dangereux pour notre sécurité», jugent les Vert-e-s. Les conseillers nationaux Nicolas Walder et Sibel Arslan exigent un engagement crédible en faveur du droit international, la fin immédiate des attaques et l'adhésion au Traité sur l'interdiction des armes nucléaires.
Le Conseil fédéral doit lui agir pour désamorcer la situation. Les écologistes attendent qu'il réunisse toutes les parties au conflit autour d'une table et insiste «fermement» sur le respect du droit international.
Des sanctions économiques doivent être prises contre Israël, et les crimes contre les civils à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, en Syrie et en Iran doivent être punis au niveau international. L'UDC n'a pour l'heure pas répondu aux demandes de Keystone-ATS.