Lundi matin, Volodymyr Zelensky pouvait encore espérer un basculement dans la guerre qu'il mène face à la Russie depuis février 2022. En effet, Donald Trump avait promis de peser de tout son poids lors d'un appel téléphonique avec Vladimir Poutine, afin d'obtenir un cessez-le-feu en Ukraine. La menace de sanctions américaines contre la Russie avait même été brandie à plusieurs reprises.
Seulement voilà, le fameux appel a eu lieu. Et, après plus de deux heures de conversation, rien n'indique que le président américain soit parvenu à convaincre son homologue russe de mettre fin à la guerre.
Bien au contraire: jeudi, soit trois jours après l'appel de Trump, le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, s'est fendu d'une déclaration on ne peut plus claire: «Nous ne voulons pas du tout d'un cessez-le-feu!» Dans un rare élan d'unité, Ukrainiens, Européens et Américains avaient réclamé une trêve de 30 jours afin de pouvoir discuter des conditions de paix. La Russie a finalement répondu, et c'est «niet»!
La froideur de Trump, seule véritable surprise
En soit, cette réponse n'a rien de bien surprenant. Dans toute l’Histoire de l’humanité, aucun belligérant en position de force a déposé les armes de son plein gré pour privilégier la discussion. La théorie militaire est claire: seuls ceux qui n’entrevoient plus d’issue sur le plan militaire acceptent de négocier. Et la Russie en est encore loin.
De plus, Moscou a réellement besoin d’une victoire militaire pour pouvoir justifier les 900'000 soldats morts ou blessés, comme le souligne pour Blick la spécialiste de la propagande et ancienne présentatrice du journal télévisé russe Gulnaz Partschefeld.
Ce qui est plus surprenant en revanche, c'est le ton compréhensif adopté par Donald Trump vis-à-vis de la Russie et de son hermétisme. «Poutine pense qu’il est en train de gagner la guerre», a déclaré le président américain à des journalistes. Selon lui, Ukrainiens et Russes doivent désormais «régler ça entre eux». Il a également fait savoir qu'il ne prononcerait pas de nouvelles sanctions contre le Kremlin, alors même que près de 80% du Sénat américain en réclament.
Trump, «idiot utile» de Moscou?
Et les Russes, comment perçoivent-ils la position de Trump? Dans un nouveau documentaire de la chaîne allemande ZDF, l’ancien agent du KGB Youri Chvets revient sur la manière dont Trump est vu en Russie depuis les années 1980: «Un homme à l’intelligence assez limitée, couplée à une vanité démesurée et à un narcissisme prononcé.» Pour Moscou, le président américain aurait tout de «l'idiot utile», qui sert sans même s'en rendre compte les intérêts du Kremlin.
Pendant que Poutine se joue de Trump, l’Europe cherche à l'éviter. L’Union européenne vient d’adopter son 17e paquet de sanctions contre la Russie et a débloqué un fonds de défense baptisé «Safe», comprenant 150 milliards d’euros pour l’achat de nouvelles armes. Jeudi, le chancelier allemand Friedrich Merz s’est rendu en Lituanie pour assister au premier jour de déploiement de 5000 soldats allemands, chargés de renforcer le flanc est de l’OTAN.
Dans ses dernières déclarations, Zelensky insiste sur la nécessité d’exercer une pression constante, à tous les niveaux, sur la Russie. Le problème, c’est que Trump surgit systématiquement comme une soupape de sécurité dès que cette pression devient trop forte et inconfortable pour Poutine.