Début mai, quelques jours avant l'entrée en fonction du chancelier conservateur Friedrich Merz, l'Office de protection de la Constitution (BfV) avait classé «extrémiste de droite» l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), parti qui n'a cessé de se radicaliser depuis sa création en 2013.
Cette décision, très lourde de conséquences pour la formation, a aussi relancé le débat sur une éventuelle interdiction déjà évoquée à plusieurs reprises. Elle est dans les faits très difficile à mettre en oeuvre en raison d'obstacles constitutionnels élevés, exigeant que le Bundestag, le Bundesrat à savoir les deux chambres du Parlement, ou le gouvernement allemand dépose une plainte très motivée auprès de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe.
C'est précisément ce qu'a souligné mardi le ministre allemand de l'Intérieur, Alexander Dobrindt. «Le rapport (du BfV) ne suffit pas pour lancer la procédure d'interdiction», a dit le ministre conservateur, questionné à ce sujet, lors d'une conférence de presse à Berlin. «Je pense que la bonne chose à faire est de mener le débat avec l'AfD sur le plan politique (...) Et résoudre les problèmes du pays», a-t-il ajouté.
Plusieurs élus parlementaires, au sein des partis écologiste, social-démocrate et de gauche radicale, réclament au contraire le lancement d'une procédure légale. Toutefois l'appellation «extrémiste» visant l'AfD a cependant été provisoirement suspendue en attendant que la justice, saisie d'un recours par le parti, rende sa décision.
Polarisation
Alexander Dobrindt a accusé l'AfD de contribuer à la polarisation de la société allemande et s'est montré déterminé à la combattre: «Si les partis radicaux veulent prolonger la polarisation comme base de leur succès politique, alors il faut essayer de mettre fin à cette polarisation ou de la réduire à partir du centre».
Selon le rapport annuel des renseignements allemands présenté mardi, le nombre de militants actifs d'extrême droite a fortement progressé en un an, passant de 40'600 en 2023 à 50'250 en 2024. Le nombre d'extrémistes de droite violents a augmenté dans une moindre proportion: de 14'500 en 2023 à 15'300 en 2024.
A l'autre bout de l'échiquier politique, les militants actifs d'extrême gauche ont progressé de façon moindre, passant de 37'000 en 2023 à 38'000 en 2024, avec environ 11'200 membres violents, un nombre constant sur deux ans.