Le conservateur Friedrich Merz a échoué mardi à se faire élire chancelier au premier tour de scrutin par les députés allemands, signe de l'immense pression à laquelle est confronté celui qui s'apprête à diriger un pays fragilisé par les crises. Un tel échec pour un candidat chancelier est sans précédent dans l'histoire politique d'après-guerre de l'Allemagne, illustrant la fragilité du dirigeant démocrate-chrétien.
Dans un scénario totalement inattendu, l'élu de 69 ans n'a pas obtenu la majorité requise au premier tour de scrutin de la part des 630 élus au Bundestag, la chambre basse du parlement. Dans une Allemagne fragilisée par les coups de boutoir de Donald Trump et obligée de se réinventer face à la progression de l'extrême droite, Friedrich Merz savait qu'il ne bénéficierait d'aucun état de grâce mais ne s'attendait pas à essuyer une telle humiliation, comme l'a laissé transparaître son visage fermé, dans les travées de l'assemblée, à l'issue du vote.
M. Merz n'a obtenu que 310 voix sur 621 exprimées et 630 députés au total. Il lui en aurait fallu 316 pour être élu. Il va désormais se soumettre à un deuxième tour de vote, à l'issue duquel, s'il ne devait à nouveau pas obtenir de majorité, une majorité relative des députés serait suffisante pour qu'il devienne chancelier. Il n'est pas certain que ce deuxième tour se tienne mardi. Il pourrait aussi être reporté à un autre jour, selon les médias allemands.
L'extrême droite réclame de nouvelles élections
Le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) a réclamé de nouvelles élections législatives après la déconvenue de Friedrich Merz à se faire élire chancelier au Bundestag au premier tour de scrutin par les députés.
«Nous sommes prêts à assumer la responsabilité gouvernementale (...) Friedrich Merz devrait démissionner immédiatement et la voie devrait être ouverte à de nouvelles élections dans notre pays», a déclaré Alice Weidel, co-dirigeante de ce parti arrivé en deuxième position aux législatives du 23 février et qui fait actuellement jeu égal dans les sondages avec les conservateurs.
Une défaite pareille n’est jamais arrivée auparavant dans l’histoire de l’Allemagne. «C'est extrêmement embarrassant pour Merz, fastidieux pour l'Allemagne et dangereux pour l'Europe», analyse Samuel Schumacher, correspondant étranger pour Blick. «Ce résultat montre que, même au sein de sa propre coalition, certains ne font toujours pas confiance à Merz. Ce résultat équivaut à une auto-castration politique de l'Allemagne, et ce à un moment où nous avons tous un besoin urgent d'une Allemagne forte et déterminée.»