Friedrich Merz sera ce mardi le nouveau chancelier de l’Allemagne fédérale. Le leader du parti conservateur chrétien-démocrate prend les rênes de son pays dans un moment critique, sur fond de conflit en Ukraine et de guerre commerciale avec les Etats-Unis de Donald Trump. Il s’est, par avance, clairement prononcé pour une Europe plus souveraine en matière de défense, projet dont il doit discuter dans la soirée avec Emmanuel Macron, pour sa première visite officielle comme chef du gouvernement.
Comment tenir la barre de la première puissance économique européenne dans un contexte de concurrence internationale accrue, et de redistribution des rôles commerciaux entre les Etats-Unis et la Chine? Voici les 5 fautes qui seraient fatales pour le nouvel homme fort de Berlin. Il lui faut donc les éviter.
Faute N° 1: Se fâcher avec Trump
Friedrich Merz ne peut pas se permettre un conflit ouvert avec la Maison-Blanche. Les Etats-Unis sont redevenus en 2024 le premier partenaire commercial de l’Allemagne, avec un total de 255,4 milliards d’euros de biens échangés, détrônant la Chine qui occupait cette position depuis 2016. Les constructeurs allemands ont livré l’an dernier 445'000 voitures de l’autre côté de l’Atlantique. L’excédent commercial annuel de la république fédérale est d’environ 65 milliards d’euros. Du calme!
Faute N° 2: Trop écouter les industriels
Ce sera le grand défi de Friedrich Merz, qui revient en politique après avoir dirigé le fonds américain Blackrock: l’Allemagne doit repenser son modèle économique, et se mettre à investir lourdement. L’accord survenu le 18 mars au Bundestag sur un plan d’investissement massif – un bazooka – de 500 milliards d’euros ne doit pas être pris en otage par les grands industriels. L’Allemagne doit penser européen. Elle doit d’urgence revoir son modèle énergétique, en lien avec la France voisine.
Faute N° 3: Laisser le «lead» à Macron
Le Président français veut continuer d’occuper les avant-postes européens, même si son second mandat s’achève en mai 2027, et qu’il ne pourra pas se représenter. Friedrich Merz doit être à ses côtés, mais il ne doit pas lui laisser l’initiative. Macron est un repoussoir pour beaucoup de dirigeants européens. La France est en grande difficulté financière. La force de Merz est d’être nouveau, comme Trump. Il doit en profiter pour imposer son style.
Faute N° 4: Ignorer le nucléaire
La question de l’énergie nucléaire est reposée en Allemagne. La décision d’Angela Merkel d’abandonner l’atome après la catastrophe de Fukushima, en 2011, est de moins en moins tenable pour une Allemagne qui ne peut plus compter sur le gaz russe. En matière de souveraineté, et aussi en ce qui concerne les objectifs climatiques, le nucléaire est une alternative. L’ignorer est d’autant moins justifié que les Verts (Grünen) ne sont pas dans la coalition gouvernementale.
Faute N° 5: Diaboliser l’AFD
Vendredi 2 mai, le service de renseignement allemand a classé le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD, second parti du pays) comme une organisation d’extrême droite, justifiant une surveillance accrue. Aussitôt, l’administration Trump et ses partisans ont réagi, dénonçant cette décision. L’AfD a riposté avec une action en justice contre l’agence nationale chargée de protéger la Constitution. Merz doit éviter que l’AfD ne se pose en victime. Un sujet rendu brûlant par les élections présidentielles prochaines en Roumanie et en Pologne, dominées par des candidats d’extrême droite.