Ce dimanche, le chancelier allemand Friedrich Merz a cherché à apaiser les tensions au sein de sa coalition, mises à mal par des désaccords sur la désignation de juges à la Cour constitutionnelle. Il a admis des fautes et s’est engagé à améliorer la situation.
Le renouvellement de trois des juges suprêmes de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe est au coeur de ce différend entre le camp conservateur CDU-CSU du chancelier et son allié de gouvernement social-démocrate (SPD), au pouvoir depuis moins de trois mois.
Alors que cette élection devait être une simple formalité, le vote a dû être annulé vendredi faute de majorité suffisante au sein de la chambre basse du Parlement, le Bundestag. «Nous aurions bien sûr pu nous rendre compte plus tôt qu'il y avait un grand mécontentement», a concédé dimanche le chancelier sur la chaine de télévisions ARD.
Le chef de l'Etat Frank-Walter Steinmeier a été beaucoup plus sévère sur cette première crise ouverte au sein du gouvernement allemand: elle a «abîmé la coalition», a-t-il estimé dimanche dans une interview. Si des «décisions ne sont pas prises dans un avenir proche, (...) nous devrons nous inquiéter», a averti Frank-Walter Steinmeier avec une inhabituelle fermeté.
Négocier avec la gauche
L'objectif de Friedrich Merz est désormais de «discuter calmement avec le SPD» et de «faire mieux» en vue du vote, après l'été, tout en reconnaissant que «cela restera difficile» puisqu'une majorité des deux tiers des députés est requise pour désigner les juges de la plus haute juridiction du pays. Dans la chambre basse issue des législatives de février, marquée par une forte progression de l'extrême droite et de l'extrême gauche, la coalition du pouvoir ne dispose pas de cette majorité renforcée.
La blocage porte sur les positions d'une des juristes candidate pour ces mandats de douze ans. La constitutionnaliste Frauke Brosius-Gersdorf, 54 ans, proposée par le SPD, est jugée trop à gauche par les conservateurs qui lui reprochent ses positions libérales sur l'avortement ou le port du voile. Vendredi, des allégations de plagiat d'une partie de sa thèse universitaire sont venues s'ajouter à ces désaccords.
La presse allemande ne mâche pas ses mots depuis vendredi face à ce bras de fer inédit, parlant de «désastre», de «fiasco», de «crise majeure». Conservateurs et sociaux-démocrates ont déjà été contraints à plusieurs compromis ces dernières semaines qui ont mécontenté une partie de leur base.
L'alliance gouvernementale n'est «pas un mariage d'amour, mais une coalition de travail», a rappelé Merz dimanche. Cette première confrontation ravive le spectre des tensions internes qui avaient paralysé la coalition précédente, dirigée par le social-démocrate Olaf Scholz, et mené à son implosion, précipitant la tenue d'élections anticipées en février.