Toute l'Allemagne connaît l'entreprise zougoise Emix des deux jeunes entrepreneurs Luca Steffen et Jascha Rudolphi, cela au moins depuis dix jours: lorsque le rapport d'enquête complet sur leur commerce de masques pendant la pandémie de COVID-19 a été rendu public.
Au printemps 2020, le ministère allemand de la Santé, alors sous l'autorité de Jens Spahn, a acheté des masques de protection d'Emix pour l'équivalent de 700 millions de francs – au prix unitaire de 5,20 francs. Le rapport critique Spahn, l'actuel chef du groupe parlementaire CDU/CSU, pour avoir acheté trop de masques à des prix excessifs et pour avoir dilapidé l'argent des contribuables à hauteur de plusieurs milliards.
«Grande complaisance» envers Emix
L'entreprise Emix en aurait profité, car Spahn aurait fait preuve d'une «grande complaisance» envers Steffen et Rudolphi. Il aurait jugé irréprochables des masques qui auraient été jugés défectueux par l'autorité de surveillance. Spahn a traité les entrepreneurs suisses, qui sont entrés en affaires par le biais de contacts politiques, avec ménagement et de manière privilégiée par rapport aux concurrents, lorsque Emix a livré des «masques de pacotille». Selon le rapport, au lieu de faire valoir ses droits, il a rapidement conclu un accord avec l'entreprise.
Spahn a vivement contesté cette version des faits et a déclaré dans une interview: «Emix a livré de manière fiable et a remplacé correctement les masques de qualité insuffisante».
«Une qualité solide»
Le fait qu'Emix ait pu gagner beaucoup d'argent en Allemagne est lié à de nombreuses questions en suspens. Une porte-parole de l'entreprise l'explique par le fait «qu'Emix était en mesure de livrer de manière fiable de grandes quantités en Allemagne». De gros volumes ont été achetés à temps «dans une qualité solide». La porte-parole souligne: «Nous ne voyons pas d'autre raison de prendre en compte Emix». Emix ne commente pas les suppositions selon lesquelles l'entreprise suisse aurait été favorisée par le ministre de la Santé de l'époque, Spahn. «Nous ne nous prononçons pas sur les discussions politiques en Allemagne». Emix aurait imposé ses bénéfices «en bonne et due forme».
Le fait que Steffen et Rudolphi se soient vu ouvrir les portes des ministères en Allemagne avait déjà suscité des soupçons par le passé. En Bavière, la fille d'un ancien politicien de la CSU s'est retrouvée dans le collimateur de la justice dans le cadre de commissions pour des affaires de masques.
En Suisse, Steffen et Rudolphi avaient fourni des masques de protection à la pharmacie de l'armée et aux hôpitaux pendant la pandémie de COVID-19. Depuis 2021, le ministère public zurichois mène une enquête pénale contre eux pour usure. Ils bénéficient de la présomption d'innocence.
Richesse affichée
Luca Steffen et Jascha Rudolphi se sont rapidement enrichis grâce à leurs affaires et se sont attirés les foudres du public en posant avec des voitures de luxe. Parce qu'ils ont acheté il y a quelques mois un yacht de luxe de cinq millions de francs, les jeunes entrepreneurs, surnommés dans les médias les millionnaires masqués, ont une nouvelle fois suscité des réactions courroucées.
L'entreprise Emix continue d'exercer son activité principale. Elle fait du commerce de biens de consommation en Europe et en Asie, surtout en Chine, explique la porte-parole. Les produits alimentaires et les cosmétiques de luxe font notamment partie de son assortiment.