Un tribunal allemand a ordonné mardi au gouvernement de délivrer les visas promis à une famille afghane menacée dans son pays, après que le chancelier Friedrich Merz a gelé un programme d'accueil de ces réfugiés dans un contexte de durcissement de la politique migratoire.
L'Allemagne «doit délivrer les visas aux requérants» après s'être «juridiquement engagée» envers eux, a décidé le tribunal administratif de Berlin. Environ 2500 Afghans actuellement au Pakistan figurent encore sur les listes de ces programmes d'accueil, destinés aux anciens collaborateurs afghans de l'armée et d'autres institutions allemandes, mais aussi de militants des droits de l'homme ou de journalistes.
Mais l'accord de coalition entre les conservateurs de Merz et les sociaux-démocrates prévoit de mettre fin «dans la mesure du possible» à ces programmes, sur fond de restrictions croissantes à l'accueil de réfugiés en Allemagne.
La justice a tranché
Juste avant l'entrée en fonction début mai de Friedrich Merz, le gouvernement de son prédécesseur Olaf Scholz avait annoncé ne pas prévoir d'organiser de nouveaux vols de rapatriement de ces Afghans. Les entrées sont «suspendues» le temps d'un «examen» du projet de la coalition, avait indiqué le ministère de l'Intérieur fin juin.
Le tribunal berlinois a donné raison à une ressortissante afghane et à sa famille, qui avaient obtenu un engagement d'admission en Allemagne en octobre 2023 et attendaient depuis la délivrance des visas. Cet engagement «volontaire et toujours en vigueur ne peut pas être annulé», a expliqué le tribunal dans un communiqué de presse.
Des vies menacées
Ces Afghans «ont démontré de manière crédible qu'ils risquent une expulsion du Pakistan vers l'Afghanistan, où leur vie et leur intégrité physique seraient menacées», a-t-il aussi souligné. Selon les derniers communiqués, datant d'avril 2024, plus de 33'000 Afghans menacés et leurs familles ont été accueillis en Allemagne dans le cadre de ce programme lancé fin 2022.
Le gouvernement de Friedrich Merz a fait d'un durcissement de la politique migratoire une promesse majeure, sur fond de progression de l'extrême droite désormais en tête de certains sondages. Ces derniers mois, une série d'attaques mortelles, imputées notamment à des ressortissants syriens et afghans, ont électrisé le débat en Allemagne.
Vendredi, l'ONU a critiqué le projet évoqué par Berlin de négocier directement avec les autorités talibanes au pouvoir en Afghanistan pour faciliter l'expulsion de délinquants afghans.