Il doit rembourser ses profits douteux
Le «bad boy» de la pharma Martin Shkreli condamné pour monopole

L'entrepreneur provocateur de la pharma Martin Shkreli, qui s'était rendu très impopulaire aux Etats-Unis en faisant exploser le prix d'un médicament, a été jugé condamné à reverser les profits de ses pratiques anticoncurrentielles, soit 65 millions de dollars.
Publié: 14.01.2022 à 23:28 heures
L'entrepreneur provocateur de la pharma Martin Shkreli doit reverser les profits qu'il a tiré de ses pratiques anticoncurrentielles, soit 65 millions de dollars. (archives)
Photo: Mark Lennihan

Emprisonné pour une autre affaire, Martin Shkreli a aussi été banni à vie du secteur pharmaceutique, a décidé la juge Denise Cote. Surnommé un temps «l'homme le plus détesté des Etats-Unis», cet homme de 38 ans s'était fait une spécialité de racheter des brevets sur des médicaments bon marché et d'en augmenter ensuite massivement le prix.

Le Daraprim, destiné à traiter la toxoplasmose, était ainsi passé du jour au lendemain de 17,60 dollars la pilule à 750 dollars en 2015. L'autorité américaine de la concurrence (FTC) et les procureurs de sept Etats avaient déposé une plainte en janvier 2020 contre l'entrepreneur et la société qu'il avait fondée. Baptisée Turing à l'origine, puis renommée Vyera, cette dernière s'était engagée en décembre à ne pas tenter de bloquer à nouveau la concurrence sur ce produit et à verser jusqu'à 40 millions de dollars à un fonds d'indemnisation pour solder les poursuites.

L'accord n'incluait pas son fondateur, qui a officiellement cédé les rênes de l'entreprise fin 2015, et son procès s'est déroulé sur sept jours en décembre. Déjà condamné en 2018 à sept ans de prison pour fraude boursière, il purge actuellement sa peine dans un établissement pénitentiaire de Pennsylvanie et doit théoriquement être libéré en novembre 2022.

Prix augmentés de 4000%

Martin Shkreli a non seulement augmenté le prix du Daraprim de plus de 4000%, mais il s'est aussi organisé pour empêcher l'arrivée de concurrents sur le marché aussi longtemps que possible, a estimé la juge dans ses considérants. Vyera a d'une part empêché les fabricants de médicaments génériques d'avoir accès à une quantité suffisante de Daraprim pour mener les tests nécessaires, a-t-elle détaillé.

En nouant des accords d'exclusivité, l'entreprise a aussi bloqué l'accès à deux ingrédients essentiels à la fabrication du produit. Martin Shkreli peut être tenu responsable de cette stratégie puisque, même après avoir renoncé à ses titres de directeur général puis de président du conseil d'administration, il a continué à exercer un certain contrôle sur la direction de l'entreprise en tant qu'actionnaire majoritaire, y compris depuis la prison, a souligné la juge.

(ATS)

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