Le Danemark, l'un des principaux soutiens de l'Ukraine, a attribué jeudi deux cyberattaques, l'une lors des élections municipales et régionales en novembre et l'autre contre une usine de traitement des eaux fin 2024, à des groupes liés à l'État russe.
Selon le service de renseignement militaire (FE), deux groupes distincts Z-Pentest et NoName057(16), qui ont chacun des liens avec l'Etat russe, sont responsables des deux attaques. «L'État russe utilise les deux groupes comme instruments de sa guerre hybride contre l'Occident», a écrit le renseignement militaire dans un communiqué. «L'objectif est de créer de l'insécurité dans les pays visés et de punir ceux qui soutiennent l'Ukraine».
La première cyberattaque, en décembre 2024 contre une usine de traitement des eaux à Køge au sud de la capitale danoise, avait entraîné la destruction de conduites, des foyers avaient été touchés et privés d'eau courante momentanément, a dit le ministre de la Défense, Troels Lund Poulsen, lors d'une conférence de presse. L'attaque a été détectée rapidement, a précisé l'Agence de l'environnement dans un communiqué. Pour l'agence, cette attaque «souligne néanmoins que les cyberattaques peuvent affecter la sécurité d'approvisionnement».
Sites de plusieurs partis inaccessibles
La deuxième cyberattaque, amplement médiatisée, avait eu lieu en novembre, à la veille des élections municipales et régionales dans le pays scandinave. Les sites internet de plusieurs partis politiques, de municipalités, d'institutions publiques ainsi que celui d'une entreprise de défense avaient été rendus inaccessibles à cause de plusieurs attaques revendiquées par des pirates prorusses.
L'ensemble de ces attaques a causé des dégâts limités, mais met en lumière des perspectives inquiétantes, a souligné le ministre de la sécurité civile, Torsten Schack Pedersen. «Cela montre qu'il existe des forces capables de mettre à l'arrêt des éléments essentiels de notre société», a-t-il ajouté. Le gouvernement a annoncé convoquer l'ambassadeur russe.
En pointe dans le soutien à Kiev
Le Danemark est l'un des pays les plus en pointe dans le soutien à l'Ukraine, comme l'a illustré le coup d'envoi donné début décembre à la construction d'une usine ukrainienne d'armement sur le sol danois. Le pays nordique a dénoncé à plusieurs reprises la «guerre hybride» menée par la Russie en Europe et en particulier sur son sol.
Fin septembre, des drones ont survolé plusieurs aéroports danois et la base militaire aérienne de Skrydstrup, qui accueille une formation de pilotes ukrainiens sur les F-16. La Première ministre Mette Frederiksen avait suggéré la responsabilité de Moscou dans ces survols, estimant que la Russie représentait «une menace pour la sécurité de l'Europe».
«Inacceptable»
Pour protéger le pays et ses infrastructures, le gouvernement a promis de renforcer les mesures de précaution. «Nous avons pris de nombreuses initiatives et nous allons en prendre d'autres, car la manière d'agir de la Russie est profondément inacceptable», a dit Troels Lund Poulsen. Le gouvernement entend notamment mettre en place un nouveau réseau de cybersurveillance et un centre d'opérations en ligne, capable de réagir rapidement à d'éventuelles attaques.
«C'est très grave de pouvoir attribuer les attaques à l'État russe. Que ce ne soit pas seulement des sympathisants, mais un groupe directement lié à l'État russe. Cela souligne que la situation est particulièrement grave», a insisté auprès de la télévision publique DR le ministre de la sécurité civile, Torsten Schack Pedersen.
«Nous sommes en guerre hybride»
«Nous ne sommes pas en situation de guerre, nous ne sommes pas en situation de paix, mais nous sommes en guerre hybride», a-t-il dit. Il a prévenu que les cyberattaques ne devraient pas s'arrêter malgré les efforts engagés.
«Il faut être d'une naïveté incroyable pour croire que nous avons atteint notre objectif en matière de cybersécurité», a appuyé le ministre.