Il sera nommé d'ici 48 heures
Ce Premier ministre devra sortir la France du bourbier

Pas de dissolution. Et une discussion budgétaire à l'Assemblée nationale prévue à partir de lundi. La France est tirée d'affaire? Presque, selon Sébastien Lecornu qui vient d'annoncer un Premier ministre sous 48 heures.
Publié: 21:46 heures
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Dernière mise à jour: 22:22 heures
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Sébastien Lecornu affirme qu'une majorité absolue de députés français ne souhaitent pas la dissolution de l'Assemblée.
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Richard WerlyJournaliste Blick

Il n’est pas encore nommé. Il peut l’être «d’ici 48 heures». Le nom du futur Premier ministre n’a pas été dévoilé, mercredi 8 octobre, par le chef du gouvernement français démissionnaire Sébastien Lecornu. Mais l’on sait déjà que le grand chambardement politique ne sera pas au rendez-vous, en pleine crise politique.

«Il y a une majorité absolue à l’Assemblée nationale qui refuse la dissolution de l’Assemblée nationale», a affirmé celui qu’Emmanuel Macron a chargé de consulter les partis politiques. Exit donc le retour aux urnes réclamé par au moins deux formations politiques: le Rassemblement national (RN, droite nationale populiste) et La France Insoumise (gauche radicale).

Sortir la France du bourbier

Il devra sortir la France du bourbier. Qui? Le profil du futur chef du gouvernement français, supposé réussir là où ses trois prédécesseurs ont échoué (trois mois pour Michel Barnier, neuf mois pour François Bayrou, 15 heures pour Sébastien Lecornu) n’a pas été dessiné. Mais le gouvernement «technique» chargé en priorité de faire adopter un budget, semble tenir la corde.

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Non aux ambitions présidentielles

«J’ai l’intime conviction que l’équipe qui devra prendre les responsabilités, quel que soit le choix du président de la République, devra être totalement déconnectée des ambitions présidentielles pour 2027», a précisé celui qui est toujours Premier ministre en «affaires courantes». En clair: l’urgence est de trouver une personnalité respectée, capable d’éviter le pugilat permanent entre les centristes, la droite traditionnelle, les socialistes et peut-être les écologistes. Une mission impossible depuis les législatives de juillet 2024.

Il (ou elle) sera le garant de la possibilité, pour Emmanuel Macron, de terminer son second mandat en mai 2027 sans séisme politique. Avec, pour cela, deux arguments nouveaux. Le premier vise la gauche sociale-démocrate: il s’agit de la suspension presque confirmée de la réforme des retraites d’avril 2023 qui a repoussé l’âge légal de départ à 64 ans contre 62.

«Il faudra trouver un chemin pour que le débat ait lieu sur cette réforme», a affirmé Sébastien Lecornu, tout en reconnaissant qu’il s’agit d’«un des dossiers les plus bloquants, les plus difficiles». Voilà donc les socialistes a priori assurés d’une victoire: ils ont obtenu d’en finir provisoirement avec cette réforme rejetée selon les sondages par six Français sur 10. La droite devra l’accepter. Avec un sous-titre: ce sujet reviendra lors de la prochaine campagne présidentielle, et sera alors tranché par le vote des Français.

Pas de nouveaux impôts

Le deuxième argument du futur Premier ministre pour obtenir de ne pas être l’objet d’une motion de censure majoritaire? L’absence de nouveaux impôts. Sébastien Lecornu affirme que «si certains impôts peuvent augmenter, il faudra la justifier, mais que d’autres peuvent diminuer». En clair: pas de taxe sur les plus gros patrimoines. C’est la concession faite à la droite. La mission du futur Premier ministre sera dès lors de naviguer: il devra accepter de dépenser plus pour les retraites (l’age de départ pourrait être gelé à 63 ans jusqu’en 2027), et de ne pas augmenter les recettes fiscales.

Sacré pari. Pour sortir du bourbier politique, la France va donc creuser son déficit et sa dette. Le premier passera sans doute de 4,7% à 5% du produit intérieur brut (PIB). La seconde, qui atteint déjà le record de 3345 milliards d’euros (entre 117 et 120% du PIB) va continuer d’augmenter.

Le retour de Lecornu?

Alors qui? Sébastien Lecornu, aussi fou et aussi incroyable que cela puisse paraître, pourrait être cet homme-là. Le président français peut nommer Premier ministre qui il veut. Les noms de trois personnalités proches de la gauche circulent aussi: l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve (décembre 2016-mai 2017), le président de la Cour des comptes et ancien Commissaire européen Pierre Moscovici, et le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau. A droite, l’on a compris que l’actuel ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui a provoqué la crise et la chute de Lecornu, sera «out». Le nom de l’ancien ministre Jean-Louis Borloo est évoqué. Pour l’heure, tout cela manque de femmes…

Un Premier ministre pour sortir la France du bourbier? Deux leaders politiques rigolent: Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Tous deux demandaient la dissolution de l’Assemblée et la démission du président. Ils vont devoir attendre. Mais ils feront tout pour censure le gouvernement français dès que possible. Le nouveau chef du gouvernement doit le savoir: il aura une cible politique sur le front, et ses opposants feront tout pour le faire trébucher, afin de mettre en péril celui que 80% des Français considèrent comme le principal responsable du bourbier: Emmanuel Macron.

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