Note abaissée par Fitch
Les 5 vérités qui dérangent sur la dette de la France

L'agence de notation financière Fitch a décidé, vendredi 12 septembre, d'abaisser la note de la France de AA- à A+. Grave? Sérieux en tout cas, surtout en l'absence de budget pour 2026.
Publié: 16:54 heures
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Dernière mise à jour: il y a 54 minutes
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Le président Emmanuel Macron demeure la cible de la colère populaire en France.
Photo: Anadolu via Getty Images
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Richard WerlyJournaliste Blick

Premier saut dans le vide ou, au contraire, preuve que la France demeure solvable? La dégradation de la note de la dette française par l’agence de notation Fitch, vendredi 12 septembre, peut être interprétée de deux manières. Pour les uns, la dégradation de AA- à A + démontre l’inquiétude des marchés financiers face à un pays en panne économique et budgétaire. Pour les autres, cette nouvelle note, encore meilleure que celle de l’Italie (BBB), est à l’image du ralentissement de la croissance en Europe, en pleines convulsions commerciales mondiales. Sauf que la France est un cas particulier. Comme le prouvent ces 5 vérités sur sa dette publique de 3415 milliards d’euros.

Vérité N° 1: Une spirale de la dette

C’est la courbe de la dette française qui est inquiétante. La preuve: son montant a plus que doublé depuis 2010, alors que la crise financière mondiale déferlait. La France accusait alors une dette de 1535 milliards d’euros. Celle-ci atteint désormais 3415 milliards d’euros - chiffre donné par l'ancien Premier ministre François Bayrou le jour du vote de défiance qui l'a forcé à démissionner - ce qui représente une charge d’intérêts d’environ 50 milliards par an, de loin le premier poste budgétaire de la nation. D’où vient cette augmentation? D’une poussée des dépenses publiques depuis 2017, date de l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. En 9 ans, le pays a accumulé mille milliards d’euros de dette supplémentaire. Le dérapage devient incontrôlé.

Vérité N° 2: Tous les politiques coupables

L’agence de notation Fitch a dégradé la dette française. Elle aurait pu, surtout, dégradé la note des responsables politiques français. Tous ceux qui ont exercé des responsabilités gouvernementales ces dernières décennies (ce qui exclut le Rassemblement national, premier parti de France) sont coupables d’avoir alourdi le fardeau financier qui pèse sur les épaules du pays. Paradoxalement, ce sont les gouvernements orientés à droite qui ont eu la main la plus lourde: 25% de dette supplémentaire sous Nicolas Sarkozy (2007-2012), 20% sous Macron (depuis 2017), contre 0% seulement sous le socialiste François Hollande (2012-2017). Depuis 51 ans, aucun gouvernement français n’a présenté un budget à l’équilibre.

Vérité N° 3: Dette contre épargne, le duel

La France est un pays de plus en plus endetté. Les Français, soumis à la pression fiscale la plus forte du continent européen (environ 45% du Produit intérieur brut), remplissent de plus en plus leur bas de laine. En 2024, le taux d’épargne en France a atteint un record de 19% du revenu moyen. Lorsqu’il gagne 100 euros, le citoyen français met deux euros de côté, afin de préserver l’avenir. L’épargne privée française est estimée à 6000 milliards d’euros, soit deux fois le montant de la dette. Question: est-ce tenable? La tentation va être de plus en plus grande de puiser dans ce coffre-fort national.

Vérité N° 4: Créanciers étrangers, l’embuscade

La dette française est détenue à 55% par des créanciers internationaux. Sur le papier, ce n’est pas si inquiétant. Et pourtant: le signal d’alarme mérite d’être tiré, car ce pourcentage ne cesse d’augmenter. Il est d’ailleurs le plus élevé des pays de l’OCDE, le club des pays les plus riches. Or plus la France est exposée aux marchés financiers, plus les notes des agences Fitch (A + depuis hier), Moody’s (Aa3, révisée le 24 octobre) et Standard and Poors (AA –, révisée le 28 novembre) pèsent lourd dans la comptabilité nationale.

Vérité N° 5: Panne budgétaire, le fléau

La France sait faire rentrer les impôts. Son administration fiscale est considérée comme tellement performante par les autorités européennes qu’elle s’était vue confier, au lendemain de la crise financière grecque, le redressement du fisc hellénique! Mission accomplie au pays de Socrate, alors que la panne budgétaire paralyse aujourd’hui le pays de Voltaire.

La France a eu le plus grand mal à faire voter un budget, via une loi spéciale, pour 2025. Le projet de budget 2026 doit être déposé au Parlement avant le 15 octobre. Or le Premier ministre vient d’être remplacé. Et le montant de 44 milliards d’euros d’économies annoncé par son prédécesseur François Bayrou a mis le feu aux poudres politiques, entraînant un vote de défiance lundi 8 septembre, puis sa démission. Or sans budget, pas de remboursement. Donc inquiétude maximale des marchés financiers.

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