Un commentaire de Richard Werly
La France est KO, la faute à Macron

Emmanuel Macron est le grand fautif de la crise politique actuelle en France. Et cette responsabilité directe va empoisonner, voire faire dérailler, la fin de son second mandat présidentiel, estime notre journaliste Richard Werly.
Publié: 08.09.2025 à 14:46 heures
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Dernière mise à jour: 08.09.2025 à 17:23 heures
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Le président français doit encore tenir une année et demi avant la fin de son second mandat présidentiel en mai 2027.
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Richard WerlyJournaliste Blick

Les médias grecs qui regardent la France s’enfoncer dans une nouvelle crise politique avec la chute annoncée du gouvernement Bayrou ne s’y sont pas trompés. Pour nos collègues helléniques, experts en la matière, c’est une tragédie qui se joue sous nos yeux.

Dont acte. Voici un fils prodigue, Emmanuel Macron, pilonné par une classe politique qu’il s’était juré d’éliminer, ou de marginaliser. Pire: voici un président de la République élu au suffrage universel à deux reprises, désormais arrimé à la Constitution comme à un harnais en période de tempête sur un voilier bousculé par les déferlantes. A-t-il encore les moyens de tenir le gouvernail? Pas sûr. De toute façon, l’issue de la tempête ne dépend plus de lui…

Vu de Suisse où Emmanuel Macron demeure plutôt populaire, salué pour ses analyses géopolitiques, ses initiatives diplomatiques et son attention portée à l’attractivité économique de la France, cette tragédie semble avant tout reposer sur les Français.

Sacrés Français!

Sacrés Français incapables de comprendre que l’argent public ne tombe pas du ciel, et qu’une dette de 3350 milliards d’euros n’est pas tenable lorsque l’économie est presque en panne! Sacrés Français qui se cabrent à l’annonce de la suppression de deux jours fériés, alors que les statistiques des congés maladie explosent! Sacrés Français qui n’ont toujours pas compris ce que le compromis veut dire et ce qu’une coalition des partis de gouvernement, de droite et de gauche, pourrait apporter à ce pays tellement épris de révolution!

Haro, donc, sur la responsabilité collective? Non, trois fois non! A l’heure de faire les comptes à l’issue du vote des députés ce lundi 8 septembre, un homme porte, plus que d’autres, le fardeau de cette crise sur les épaules. Et il s’agit d’Emmanuel Macron.

Orgueil démocratique

D’abord parce que Macron a préféré dissoudre l’Assemblée nationale, le 9 juin 2024, plutôt que de s’abaisser à proposer un véritable contrat de coalition entre partis pour son second mandat. Péché d’orgueil démocratique!

Ensuite parce que ce président «jupitérien» a promis aux Français, dans ses vœux du 31 décembre, des référendums qui, depuis, se sont avérés chimériques. Résultat: rien. Pas un vote proposé. Ressentiment assuré!

Enfin parce que le chef de l’Etat, protégé par la Constitution de la Ve République taillée pour le Général de Gaulle, n’a tiré aucune conséquence de son rejet majoritaire dans l’opinion. Comme s’il pensait que la France, bon gré mal gré, doit être réformée contre les Français. Indifférence revendiquée!

Les trois erreurs

Ces trois erreurs sont au centre de la crise politique actuelle. Refus du parlementarisme qui s’impose. Refus de référendums par peur qu’ils se transforment en vote pour ou contre le locataire de l’Elysée, Refus de considérer que la légitimité présidentielle du Macron 2025 n’a plus rien à voir avec celle de 2017, lorsque l’élan politique était en sa faveur.

A partir de là, tout ne pouvait que dérailler, surtout dans un pays où l’élection présidentielle de 2027 est dans toutes les têtes.

Emmanuel Macron, fort de sa jeunesse et de son dynamisme, aurait pu (et dû) être un président réparateur au service de sa vision proeuropéenne, et probusiness, d’une France remise sur les rails. Il a choisi, au contraire, de demeurer un président disrupteur, provocateur et fier de l’être. Le pays n’a pas suivi. On connaît le résultat. La France est KO? C'est la faute à Macron.

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