Gouvernement renversé lundi?
Les trois scénarios d'une France qui se retrouve au pied du mur

Sauf énorme surprise, une majorité de députés français va refuser, ce lundi 8 septembre, de voter la confiance au gouvernement dirigé par le centriste François Bayrou. A deux jours d'un mouvement social de grande ampleur...
Publié: 07.09.2025 à 19:29 heures
|
Dernière mise à jour: 07.09.2025 à 21:39 heures
Partager
Écouter
1/5
C'est aux 577 députés que revient le choix, ce lundi 8 septembre, de voter ou non la confiance au gouvernement de François Bayrou.
Photo: imago/IP3press
Blick_Richard_Werly.png
Richard WerlyJournaliste Blick

Le chaos. Sauf énorme surprise et miracle politique ce lundi 8 septembre, c’est la menace qui plane sur la France. Chaos politique, puisque le gouvernement de François Bayrou risque d’être congédié demain par les députés, neuf mois après la précédente censure du Premier ministre conservateur Michel Barnier. Chaos social, car la journée d’action «Bloquons tout!» du 10 septembre, soutenue par la France Insoumise (gauche radicale) est prise très au sérieux, avant une journée d’action syndicale le 18 septembre. Chaos financier enfin, car personne ne peut prédire si la France aura, ou non, un projet de budget à déposer devant l’Assemblée nationale début octobre, comme le prévoit la Constitution.

Ce chaos, un homme va l’affronter en premier, car tout remonte à lui: Emmanuel Macron. Le président de la République, au pouvoir depuis 2017, est le seul à pouvoir nommer un nouveau premier ministre, ou à pouvoir dissoudre l’Assemblée nationale comme il l’a fait, à la surprise générale, le 9 juin 2024. Dans le premier cas, le nouveau gouvernement, quel qu’il soit, devra fonctionner sans majorité parlementaire, en misant sur l’abstention des uns ou des autres pour survivre. Dans le second cas, les électeurs français retourneront aux urnes dans les prochaines semaines. Ce qui, selon les sondages, pourrait se solder par une nette victoire de la droite nationale populiste aux législatives anticipées. Avec, là aussi, un sacré risque de chaos, susceptible d’aboutir à terme à une démission du président de la République.

Comment résumer la situation à la veille du vote crucial de lundi 8 septembre? En énumérant les trois scénarios possibles pour une France fragilisée, et de plus en plus perçue comme «l’homme malade de l’Europe». Les voici.

Scénario 1: Nouveau gouvernement, la galère

C’est le scénario le plus probable. François Bayrou a choisi d’engager la responsabilité de son gouvernement devant l’Assemblée nationale en vertu de l’article 49.1 de la Constitution. Rien ne l’y obligeait. Il a, ce faisant, voulu anticiper le débat budgétaire qui aurait buté sur l’absence de majorité. S’il n’obtient pas la confiance de la majorité des députés présents ce lundi, le Premier ministre devra aussitôt présenter sa démission. Emmanuel Macron peut le reconduire ou le remplacer. Quel que soit le choix de son successeur, l’arithmétique parlementaire restera un casse-tête. La seule option «stable» serait un contrat de coalition (bien tardif) allant des socialistes à la droite traditionnelle. Possible? Dans tous les cas, la galère est au programme car les oppositions radicales (à droite et à gauche) tireront à vue.

Scénario 2: Dissolution, la poudrière

Emmanuel Macron a provoqué une crise parlementaire sans précédent avec la dissolution de l’Assemblée nationale, le 9 juin 2024. La progression du Rassemblement national (droite nationale populiste) et de la France Insoumise (gauche radicale), couplée avec l’affaissement du bloc central, a rendu impossible une majorité. Or si demain, les Français revotent, deux scénarios sont envisagés. 1. Le retour d’une Assemblée fracturée sans majorité, donc un pays ingouvernable. 2. La nette victoire du RN qui pourrait, en cas d’alliance avec la droite traditionnelle, revendiquer le gouvernement. La gauche radicale jouerait alors la rue contre l’Assemblée, comme le prône son chef Jean-Luc Mélenchon. Une poudrière.

Scénario 3: Démission présidentielle, le séisme

C’est le scénario qu’il faut écarter. En tout cas, selon Emmanuel Macron qui répète son intention de demeurer en fonction jusqu’à la fin de son second mandat en mai 2027. Restent que les faits peuvent lui échapper. Une crise politique durable, sans budget pour la France, pourrait devenir intenable pour celui qui continue d’être aux avant-postes internationaux, sur l’Ukraine (déploiement d’une force européenne de réassurance) ou sur Gaza (reconnaissance prochaine de la Palestine). Deux partis évoquent ouvertement son départ: le RN de Marine Le Pen et LFI de Jean-Luc Mélenchon. Le locataire de l’Elysée peut tenir bon. Mais le pays, surtout s’il se retrouve sans budget pour 2026, risque d’en payer le prix fort.

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la
Articles les plus lus
    Articles les plus lus