Un commentaire de Richard Werly
La gauche française est un grand gâchis

Le défi budgétaire lançé aux forces politiques par le Premier ministre français mine les partis de gauche. Divisés, obsédés par la présidentielle, tentés de jouer la rue contre le gouvernement, ils sont à terre, selon notre journaliste Richard Werly.
Publié: 15:41 heures
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Le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon n'a qu'un objectif: la présidentielle 2027.
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Richard WerlyJournaliste Blick

Marine Le Pen a toutes les raisons de se réjouir et d’exiger des élections législatives anticipées. La patronne du Rassemblement national (droite nationale populiste) est convaincue que le «front républicain», cette alliance hétéroclite de tous les autres partis politiques contre le RN, ne se matérialisera pas lors d’un prochain scrutin. Et elle compte bien pour cela sur une réalité: la déliquescence de la gauche française, à la fois divisée, souvent dépassée par les contestations sociales spontanées, et incapable de présenter un projet crédible pour redresser les finances publiques de la France, épuisée par un endettement de près de 3350 milliards d’euros, soit 117% de son produit intérieur brut.

Ce grand gâchis de la gauche est au cœur de cette semaine cruciale, avant le vote de confiance que va demander François Bayrou aux députés le 8 septembre, et avant la journée de mobilisation et de «blocage social» du 10, deux jours plus tard. Pour faire simple, et compte tenu de l’absence de majorité à l’Assemblée nationale pour le camp présidentiel depuis les législatives anticipées de juin 2024, seul un ralliement du parti socialiste (66 élus) au projet de budget défendu par le Premier ministre permettrait à ce dernier de sauver sa peau.

Rigueur budgétaire

Le PS, qui a dans le passé défendu la rigueur budgétaire lorsqu’il était aux commandes du pays, devrait pour cela accepter les 44 milliards d’euros d’économies – sur 1650 milliards d’euros de dépenses publiques annuelles – proposées par le gouvernement pour 2026. Ou mettre sur la table une formule similaire. Ce qui est loin d’être le cas au vu de son projet de contre budget présenté le 30 août. L’effort proposé par le PS serait de 21 milliards d’euros, une somme obtenue par des réductions de dépenses (pour 14 milliards) mais surtout par une nouvelle imposition des plus riches (pour 27 milliards). Alors que la seule charge de la dette (les intérêts) avoisine les 60 milliards par an.

Exit donc le PS, ce parti de gouvernement qui s’apprête à faire tomber Bayrou, et mise sur la peur d’une nouvelle élection pour convaincre Emmanuel Macron de lui confier les rênes du pays alors qu’il n’a pas de majorité! Même François Hollande, ancien président de la République (2012-2017), s’est dit prêt à tourner le pouce vers le bas. La social-démocratie proeuropéenne abandonne donc, ce faisant, le chemin de la crédibilité qui a jusque-là été le sien. A ses risques et périls.

Gauche radicale

La conséquence est que la gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon se frotte les mains. Le leader de la France insoumise, le regard rivé sur la présidentielle 2027, a toujours considéré le PS (son ancien parti), comme une officine d’apparatchiks qui manquent cruellement de courage. Or lui en redouble, à sa manière incantatoire.

Mélenchon défend mordicus la cause palestinienne, jusqu’à excuser de façon très problématique le Hamas. Il veut surtaxer les riches. Il est prêt à une crise avec l’Union européenne, voire avec l’OTAN, cette organisation qu’il juge bien trop inféodée aux Etats-Unis. Mélenchon joue la rue. Il soutient l’appel au blocage. Il ne craint pas la «bordélisation». Il mise sur les quartiers, le ras-le-bol de la jeunesse, la rigidité des syndicats du secteur public et l’électorat musulman. La révolution reste le maître mot de cet ancien trotskiste.

Résultat: la guerre à gauche est redéclarée, à moins d’un an des élections municipales. Plus de «Nouveau front populaire», alors que cela avait marché aux législatives, permettant au NFP d’arriver en tête (de justesse) en termes de députés. Et place à la débâcle qui fait le jeu de la droite. Tactique politicienne du côté du PS, rêve dangereux du grand soir chez LFI, quasi-mutisme chez les écolos et suivisme pathétique chez les communistes.

La gauche française en 2025? Oui, un grand gâchis!

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