Des membres du gouvernement israélien issus du parti ultra-orthodoxe Shass ont annoncé mercredi leur démission pour protester contre l'échec de la coalition au pouvoir à faire adopter une loi exemptant leur communauté du service militaire. Le parti n'a toutefois pas retiré son soutien à la coalition au Parlement et a indiqué qu'il ne soutiendrait pas de motion de censure contre le gouvernement.
Cette annonce intervient deux jours après que l'autre grande formation ultra-orthodoxe, le parti «Judaïsme unifié de la Torah», a claqué à la fois la porte du gouvernement et de la coalition dans le cadre du débat sensible sur la conscription militaire.
Gouvernement minoritaire
Son départ laisse la coalition gouvernementale de Benjamin Netanyahu avec une courte majorité de 61 sièges sur 120 au Parlement. Si le parti Shass l'imitait, Netanyahu se retrouverait avec un gouvernement minoritaire et fragile, soutenu par seulement 49 élus sur 120.
Un dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, a exhorté le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, à convoquer des élections anticipées, malgré la guerre en cours contre le Hamas dans la bande de Gaza. «Un gouvernement minoritaire ne peut pas envoyer de soldats au front (...). Ce n'est pas un gouvernement légitime», a déclaré Yaïr Lapid mercredi dans une vidéo. «Il est temps d'organiser des élections, maintenant».
Netanyahu sous pression
Des discussions visant à modifier le texte de loi sur la conscription s'intensifient ces derniers mois, mettant le gouvernement Netanyahu sous pression. Formé en décembre 2022, ce dernier tient grâce à une alliance entre le parti du Premier ministre, le Likoud (droite), des formations d'extrême droite et des partis juifs ultra-orthodoxes résolus à conserver une exemption de plus en plus mal acceptée par la société israélienne.
En vertu d'un arrangement remontant à la création de l'Etat d'Israël, en 1948, les hommes haredim ("craignant dieu") ont bénéficié pendant des décennies d'une exemption militaire de facto, à condition qu'ils se consacrent à l'étude à plein temps des textes saints du judaïsme dans des yeshivas.
Cette exemption a été remise en cause par la Cour suprême dans les années 2000, forçant les gouvernements successifs à bricoler des arrangements législatifs temporaires pour contenter les ultra-orthodoxes, faiseurs et tombeurs de coalitions.
Le ministre sortant des Affaires religieuses et membre du parti Shass, Michael Malchieli, a déclaré mercredi que les tentatives d'enrôler les hommes ultra-orthodoxes dans l'armée et à les retirer des études en yeshiva revenaient à une «persécution».