«Poutine fait comme Hitler»
Cet ex-champion de boxe se bat contre Moscou pour les enfants ukrainiens

En tant que champion du monde de boxe, il a mis KO des dizaines d'adversaires. Aujourd'hui, Vladimir Klitschko se bat contre son plus grand ennemi: Poutine. Nous avons rencontré ce géant au cœur tendre pour parler de paix et des enfants en Ukraine.
Publié: 08.05.2025 à 22:37 heures
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Dernière mise à jour: 08.05.2025 à 22:42 heures
Autrefois, il frappait sur le ring avec ses poings, aujourd'hui, Vladimir Klitschko se bat avec des mots.
Photo: Philippe Rossier
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Guido Felder

Il a des pattes d'ours à la place des mains et une poigne digne d'une presse hydraulique. L'ancien champion du monde de boxe en catégorie poids lourds, Vladimir Klitschko, a tenu une conférence au Symposium de Saint-Gall ce jeudi 8 mai. L'occasion pour lui de parler de sa lutte contre les Russes et de son engagement pour les enfants victimes d'abus.

Nous l'avons ensuite rencontré pour une interview. Vladimir Klitschko en a profité pour nous mettre en garde: tôt ou tard, la Suisse sera touchée à son tour par les agressions de Vladimir Poutine.

Monsieur Klitschko, ce week-end, les Russes fêtent le jour de la victoire contre l'Allemagne nazie. L'Ukraine attaquera-t-elle ce grand défilé militaire malgré le cessez-le-feu de trois jours annoncé par Poutine?
Vous savez, la guerre a un terrible visage. Bien sûr, nous sommes favorables à un cessez-le-feu et une paix équitable. Mais les Russes ont déjà rompu ce cessez-le-feu de trois jours, qu'ils avaient eux-mêmes annoncé.

Croyez-vous toujours à une paix équitable?
Si je nous croyais incapables de résister à cet ours russe, je ne serais pas là. En mars 2022, lorsque les Russes étaient aux portes de Kiev et que j'ai vu des centaines de morts, je ne croyais pas à une paix équitable. Malgré tout, nous pouvons aboutir à une paix juste et si nous n'y arrivons pas aujourd'hui, nous y arriverons demain ou après-demain.

A quoi ressemblerait une paix équitable pour vous?
Nous ne reconnaîtrons jamais notre territoire occupé comme appartenant aux Russes. Et j'espère que le monde ne le fera pas non plus.

Que pensez-vous de Donald Trump, qui a publiquement humilié Zelensky? Laissera-t-il tomber l'Ukraine?
Nous connaissons tous le caractère de Trump: tantôt chaleureux, tantôt glaçant... Il provoque toujours le chaos. Pourtant, c'est lui qui nous avait fourni des armes lors de son premier mandat. Son instabilité me laisse donc à penser qu'il pourrait nous couper l'aide étasunienne.

Il dit que Zelensky était un dictateur responsable de la guerre. Dans quelle mesure ces accusations sont-elles justifiées?
Zelensky est tout simplement le président de l'Ukraine. On peut l'aimer ou pas, mais la guerre n'a aucun rapport avec sa légitimité.

Mais Zelensky incarne la résistance ukrainienne face au reste du monde...
Encore une fois, il s'agit de la guerre et non de Zelensky. Il y a certes beaucoup de controverses à son sujet, mais elles nous font perdre de vue les réels problèmes. Les vrais sujets dont nous devrions nous soucier sont les crimes de guerre, la destruction, l'armée de Poutine, et les nombreux enfants enlevés et tués.

Vous critiquez le fait que la Suisse ne soutienne pas assez l'Ukraine. Qu'attendez-vous d'elle?
La Suisse doit nous soutenir économiquement et sur le plan humanitaire, mais aussi appuyer les sanctions et restituer les biens russes à l'Ukraine pour aider à sa reconstruction. Sans l'aide de l'étranger, la guerre s'étendra à la Pologne, aux pays baltes et plus loin encore. La Suisse ne restera pas un îlot de bonheur bien longtemps.

Pensez-vous que la Suisse aussi soit menacée par Poutine?
Bien sûr. L'objectif de Poutine est de restaurer l'ancien empire soviétique. Dans cette configuration, la Suisse est un voisin direct de l'Union soviétique, puisqu'une partie de l'Allemagne était sous son joug à l'époque.

Pensez-vous que Poutine pourrait reconstituer l'empire soviétique?
Bien sûr. Il fait comme Hitler, qui a commencé à l'époque avec la Pologne: un pas après l'autre.

Depuis la fin de votre carrière de boxeur, vous vous êtes engagé dans l'humanitaire. Allez-vous faire le pas vers la politique?
Mon frère est maire de Kiev. Un homme politique dans la famille, c'est suffisant.

Les médias murmurent votre retour en tant que boxeur. Confirmez-vous cette information?
Il y a beaucoup de rumeurs à mon sujet. Si je reviens sur un ring, je l'annoncerai personnellement. Mais pour l'instant, j'ai d'autres chats à fouetter.

Comment votre carrière de boxeur vous a-t-elle servi dans votre lutte contre la guerre?
L'engagement sportif peut servir d'instrument pour collecter des fonds mais surtout pour attirer l'attention sur les enfants kidnappés et abusés par les Russes.

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