Escalade avec l'Iran
Roquettes, abris, stocks d'urgence: un Suisse raconte son quotidien en Israël

Ralph Steigrad, Suisse établi en Israël, a passé beaucoup de temps dans les abris antiatomiques depuis vendredi. Il raconte son quotidien entre les alertes aux missiles, les problèmes de voyage, la constitution de stocks d'urgence et les heures étonnamment calmes.
Publié: 06:12 heures
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Dernière mise à jour: 07:54 heures
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Voici à quoi ressemble l'abri dans lequel Ralph Steigrad a passé beaucoup de temps ces derniers jours.
Photo: DR
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Daniel Jung

Vendredi 13 juin, Israël a ciblé plusieurs sites en Iran, entraînant une riposte de la République islamique. Depuis, les deux pays s'échangent des tirs sans discontinuer. En seulement quatre jours, Ralph Steigrad s'est rendu au moins neuf fois dans un abri antiatomique. Cet expatrié, qui préside l'association Swiss Community Israel, vit dans la ville israélienne de Netanya, sur la côte méditerranéenne, entre Tel Aviv et Haïfa. Au total, environ 25'000 Suisses vivent en Israël.

Jeudi, Ralph Steigrad fêtait encore son anniversaire à Tel Aviv avec sa famille. Au cours de cette journée, différents médias avaient déjà fait état d'une possible escalade militaire. «Lorsque je suis rentré chez moi peu avant minuit, j'ai été frappé par les bruits persistants d'avions militaires», raconte-t-il. Quelque chose d'extraordinaire se produisait. «Dans ces moments-là, on ressent l'atmosphère tendue sans avoir encore besoin d'écouter les informations», dit-il.

Des morts des deux côtés

Depuis cette fameuse nuit de jeudi à vendredi, l'armée israélienne a attaqué plusieurs cibles en Iran, notamment des installations nucléaires et des systèmes de défense. Des responsables militaires et des scientifiques nucléaires iraniens ont été tués «de manière ciblée». Selon le ministère de la Santé iranien, «au moins 224 femmes, hommes et enfants» ont perdu la vie et «plus d'un millier» de personnes ont été blessées.

En Israël, au moins 17 personnes ont été tuées et 454 ont été blessées, selon un bilan de l'AFP publié lundi matin. Dans plusieurs grandes villes du pays, comme Tel Aviv, Jérusalem et Bat Yam, des dégâts sur des bâtiments ont été rapportés.

«Les avertissements sont pris très au sérieux»

Comme presque tout le monde en Israël, Ralph Steigrad a installé l'application «Home Front Command» sur son téléphone portable. Vendredi, vers 2h du matin, il a reçu une alerte. «Peu après, les sirènes ont retenti.» Il n'a eu alors qu'une minute et demie pour se rendre dans un abri.

«Les alertes sont prises très au sérieux», explique Ralph Steigrad. D'après lui, les précédentes attaques ont démontré que les missiles étaient tirés de manière ciblée sur des zones d'habitation densément peuplées. Jusqu'à dimanche, les missiles iraniens ont toujours été lancés de nuit, les attaques commençant généralement à 2h du matin. Dans la nuit de samedi à dimanche, Ralph Steigrad a de nouveau passé deux heures dans l'abri.

«Les journées se sont en revanche déroulées de manière étonnamment calme», explique l'expatrié, qui a toutefois dû rester à la maison. «J'ai passé mon temps à lire, à réfléchir et à discuter avec ma famille et mes amis.» Au cours d'une nuit, une roquette s'est abattue non loin de sa résidence. «La maison a tremblé, mais il n'y a pas eu de dégâts», a-t-il appris plus tard. Après cet épisode, Ralph Steigrad a pris contact avec l'ambassadeur suisse Simon Geissbühler.

Constitution de réserves d'urgence

L'expatrié a également constitué des stocks d'urgence pour au moins deux semaines: farine, sel, huile, bouteilles d'eau et conserves. Il dispose aussi d'une génératrice et de plusieurs batteries de rechange, au cas où l'électricité et Internet venaient à manquer, un scénario qui ne s'est toutefois pas produit jusqu'à présent. «De telles situations nous font prendre conscience de la fragilité de la vie», explique Ralph Steigrad.

Mais malgré ce contexte lourd, la vie suit cours en Israël. «L'ambiance est tendue, mais elle est aussi marquée par une certaine routine», explique l'expatrié. Personne n'est heureux de la situation, mais on s'est habitué à vivre sous la menace permanente.»

Impossible de rentrer chez soi

Lors des attaques du 7 octobre 2023, une cousine de Ralph Steigrad avait été prise en otage, puis exécutée par le Hamas. A l'époque, quelque 1600 touristes suisses avaient été évacués par avion. Aujourd'hui, une telle démarche serait impossible: tous les aéroports du pays ont été fermés. Swiss a annulé tous ses vols vers et depuis Israël jusqu'à la mi-octobre. La compagnie aérienne israélienne El Al a, elle, bloqué toutes les réservations jusqu'à fin juin.

Cette situation complique la vie d’une autre cousine de Ralph Steigrad. Venue en Suisse pour un événement professionnel, elle ne peut plus rentrer en Israël. Elle n'a donc eu d'autre choix que de confier ses enfants à leur grand-mère.

Ralph Steigrad ne sait pas trop quoi penser des frappes israéliennes contre l'Iran. «Je ne peux pas juger de leur nécessité», confie-t-il, tout en soulignant que la violence ne devrait être qu’un ultime recours. Il assure faire confiance aux responsables politiques pour agir avec discernement, et espère que la Suisse pourra, en tant que médiatrice, jouer un rôle positif.

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