Equation complexe pour Macron
Les socialistes français renouent avec leurs vieux démons

Y aller ou pas? Les socialistes étalent leurs divisions sur le choix du nouveau Premier ministre, au risque du sempiternel procès en «trahison» de leurs alliés de gauche, et sous l'oeil intéressé d'un Emmanuel Macron qui n'en finit pas de prolonger ses consultations.
Publié: 28.08.2024 à 13:23 heures
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Dernière mise à jour: 28.08.2024 à 13:24 heures
François Hollande estime que les socialistes doivent «soutenir tout ce qui peut faire avancer le pays», mais il exclut une «alliance avec le centre (...) inévitablement vouée à une impasse» (archives).
Photo: Michel Euler
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ATS Agence télégraphique suisse

La poutre travaille à gauche. Depuis que le chef de l'Etat a écarté en début de semaine l'hypothèse d'un gouvernement du Nouveau Front populaire (NFP) dirigé par Lucie Castets, le PS renoue avec ses démons.

«Le parti est au bord de la rupture», a même affirmé la maire de Vaulx-en-Velin Hélène Geoffroy, opposante interne au numéro un Olivier Faure, dans un long message sur X. Elle demande à «reprendre des discussions avec le président de la République» afin de «chercher encore des solutions pour un Premier ministre socialiste (ou) social-démocrate».

Un pragmatisme également défendu par l'autre chef de courant minoritaire au sein du PS, Nicolas Mayer-Rossignol. Le maire de Rouen a estimé que «si on a la possibilité de mettre en place, peut-être pas l'entièreté du programme mais des politiques importantes» sur les salaires, l'école et l'hôpital, «alors il faut donner une chance à cela».

Hollande pour «faire avancer le pays»

Moins frontal, l'ancien président François Hollande considère dans un entretien au «Point» que les socialistes doivent «soutenir tout ce qui peut faire avancer le pays», tout en excluant une «alliance avec le centre (...) inévitablement vouée à une impasse».

Autant de déclarations à rebours de la ligne officielle du parti, qui refuse comme les autres membres du NFP de retourner à l'Elysée pour discuter d'autre chose que d'une cohabitation avec Lucie Castets à Matignon. Ce qui augure de débats francs et vifs à l'université d'été du PS, qui s'ouvre jeudi.

Evénement scruté de près à l'Elysée, où un proche du président observe qu'«il y a des choses qui bougent» et «note aussi que le PS n'appelle pas à manifester le 7 septembre», contrairement à La France insoumise. La marche, initiée par des organisations syndicales étudiantes, doit dénoncer «le coup de force d'Emmanuel Macron».

Assez pour fissurer l'union de la gauche? Le coordinateur de LFI Manuel Bompard ne s'est pas privé de pointer cette «branche au sein du PS qui préférerait participer à des opérations de soutien ou de maintien de la macronie au pouvoir», ce qui «serait une trahison du vote des électeurs».

Même mise en garde de Marine Tondelier. Pour la cheffe des écologistes, ceux qui pactiseraient avec le camp présidentiel «se trahiraient durablement» et «l'histoire les jugera».

Censure du macronisme

Les députés socialistes se sont toutefois accordés mardi sur «une position extrêmement claire», à savoir que «tout gouvernement qui sera la perpétuation du macronisme sera évidemment censuré», a indiqué le parlementaire Arthur Delaporte.

Mais les macronistes espèrent encore en dissuader une partie, quitte à choisir un profil comme Bernard Cazeneuve pour Matignon. «Si c'est un Premier ministre de centre-gauche qui permet d'aller décrocher le plus de sociaux-démocrates, c'est la meilleure option», acquiesce le député Mathieu Lefevre. Bernard Cazeneuve répond au «portrait-robot» d'un futur Premier ministre, a appuyé François Bayrou, proche allié du président.

Pendant ce temps, Emmanuel Macron pousse toujours plus loin le record de durée pour le gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal, qui expédie les affaires courantes depuis 43 jours.

Le choix de son successeur est reporté à mesure que s'allonge le calendrier des consultations du chef de l'Etat, qui a de nouveau reçu mardi François Bayrou et son ex-chef de gouvernement Edouard Philippe. Il devait s'entretenir mercredi en fin de matinée avec les chefs de file de la droite républicaine, Laurent Wauquiez en tête.

Des perches ont été tendues au sein de l'exécutif, notamment par les ex-LR Rachida Dati, qui a appelé sa «famille politique à participer à (une) coalition» et Aurore Bergé qui a suggéré un «soutien sans participation».

Accaparé ensuite par l'ouverture des Jeux paralympiques, Macron a programmé d'autres rendez-vous jeudi matin avec les grands élus locaux: d'abord Carole Delga (PS) et Renaud Muselier (Renaissance) pour les régions, puis le président de l'Association des maires de France David Lisnard (LR). Il s'envolera ensuite pour une visite officielle en Serbie.

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