Après les attaques américaines contre trois sites nucléaires iraniens, le prix du pétrole devrait continuer à augmenter prochainement. La question est de savoir à quel point: depuis le début des frappes aériennes israéliennes contre l'Iran, le prix du pétrole a déjà augmenté de 18%.
Le régime iranien a annoncé des représailles après les frappes américaines: «Toutes les options sont sur la table», a écrit le ministre iranien des Affaires étrangères sur X. Dimanche 22 juin, le Parlement iranien a voté en faveur de la fermeture du détroit d'Ormuz, mais cette décision doit encore obtenir l'aval du Conseil de sécurité. Cela ferait sérieusement vaciller l'économie mondiale.
En effet, environ un cinquième des exportations mondiales de pétrole sont transportées par ce passage maritime: un blocage entraînerait une hausse massive du prix du pétrole et toucherait également les Etats-Unis de plein fouet.
Le prix du pétrole pourrait atteindre 130 dollars américains
Avant même l'attaque, les analystes d'Oxford Economics avaient esquissé plusieurs scénarios. Depuis samedi, une désescalade rapide semble nettement moins probable. Le scénario du pire implique un arrêt de la production pétrolière iranienne, y compris la fermeture du détroit d'Ormuz.
Le prix du pétrole, actuellement à 77,26 dollars le baril, pourrait alors s’envoler jusqu’à 130 dollars. Si le blocage s’éternise, l’inflation américaine pourrait atteindre 6% d’ici la fin de l’année.
Attention au choc inflationniste
La baisses des taux d'intérêt espérée par Trump deviendrait alors inenvisageable. Les économistes mettent en garde contre un choc inflationniste: selon la Hamburg Commercial Bank, une escalade à Ormuz augmenterait significativement le risque d'une stagflation mondiale.
C'est-à-dire une stagnation de l'économie accompagnée d'une hausse de l'inflation. La banque centrale américaine, la Fed, serait même contrainte d'augmenter les taux d'intérêt, ce qui freinerait considérablement l'économie américaine.
La pression inflationniste augmenterait également dans d'autres zones économiques comme l'UE. Un choc pétrolier perturberait massivement l'économie mondiale. Hausse des coûts des transports, baisse de la demande mondiale: ce serait aussi un coup dur pour l'économie suisse orientée vers l'exportation.
L'industrie, déjà malmenée depuis longtemps, devrait s'attendre à une baisse supplémentaire des commandes. Dans ce scénario, les consommatrices et consommateurs de notre pays devraient en outre se préparer à une hausse des prix du mazout et de l'essence à la pompe.
La Chine, une lueur d'espoir
Par le passé, l'Iran a déjà menacé à plusieurs reprises de fermer le détroit d'Ormuz. Mais le régime de Téhéran affecterait ainsi fortement son principal partenaire commercial, la Chine, c'est pourquoi ce scénario est la toute dernière issue pour l'Iran.
Car le régime ne veut pas se mettre à dos la Chine. De plus, il n'est pas si simple de bloquer l'immense voie navigable, large de plus de 30 kilomètres à son point le plus étroit. Le régime pourrait par exemple utiliser des mines marines, des bateaux, des missiles et des drones, mais il devrait toutefois s'attendre à une réaction immédiate des Etats-Unis.
Dans un contexte d'incertitude économique, où personne ne sait vraiment ce qu'il adviendra du conflit douanier américain, la guerre au Proche-Orient est un facteur d'incertitude supplémentaire. Dans le meilleur des cas, le prix du pétrole n'augmentera qu'à court terme, comme lors de la guerre en Irak en 2003. Ce qui sera déterminant, c'est la durée du conflit.