Voix reconnaissable entre toutes, présence magnétique teintée de mélancolie, Trintignant a mené pendant un demi-siècle une immense carrière, jalonnée de quelque 160 rôles au théâtre et cinéma, de «Et Dieu... créa la femme» à «Amour».
Entré dans l'histoire du cinéma avec «Un homme et une femme» de Claude Lelouch (Palme d'or à Cannes en 1966), il a remporté le prix d'interprétation à Cannes pour «Z» de Costa Gravas en 1969 et le César du meilleur acteur pour «Amour» de Michael Haneke en 2013. Trois sommets dans sa carrière.
Le décès de Marie
Ce perfectionniste à la pudeur élégante était aussi un homme inquiet et réservé qui confiait avoir eu des tentations suicidaires: «Je reconnais n'avoir jamais été très gai.»
Ce pessimisme l'accompagnait bien avant la mort de sa fille Marie, avec qui il entretenait une grande complicité. Elle est morte en 2003 sous les coups de son compagnon, le chanteur Bertrand Cantat.
Quelques mois auparavant, le père et la fille avaient interprété en duo sur scène les «Poèmes à Lou» d'Apollinaire.
Ce décès tragique n'allait plus cesser de le hanter: «J'aurais pu arrêter ma vie à ce moment-là.» Poussé par ses proches, il était remonté sur scène, trouvant une «thérapie» dans la poésie et le théâtre. Les planches, son «vrai métier», racontait-il à l'AFP. «On fait du ciné un peu par vanité, (...) pour ne plus être timide.»
(ATS)