Sam Altman avait promis le contraire
ChatGPT a un projet secret pour cibler ses utilisateurs à coup de pub

«La publicité me fait peur», avait un jour déclaré Sam Altman, PDG d’OpenAI. Une fuite prouve désormais le contraire: des préparatifs pour intégrer des annonces dans ChatGPT sont déjà en cours.
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OpenAI teste en interne des publicités pour ChatGPT.
Photo: Pexels

«Hey ChatGPT, quelle crème pour la peau recommandes-tu contre l’acné?» Sans surprise, la réponse tombe rapidement. Mais au lieu de conseils pratiques, le nom d’une marque s’affiche en évidence, celle-ci ayant payé pour.

Pour l’instant, ce scénario est fictif, mais probablement pas pour longtemps. L’illusion d’un dialogue sans publicité commence à gentiment mais sûrement s’effriter. 

Le développeur Tibor Blaho a épluché l’application de ChatGPT sur Android. Dans le code, il a trouvé ce que personne n'était censé découvrir: des indices cachés sur la publicité. Les termes sont clairs: «Search Ads» (annonces de recherche), «Sponsored» et «Search Ads Carousel», explique le portail tech bleepingcomputer.com. Le constat est donc sans appel: OpenAI est en train de tester activement la publicité sur sa plateforme phare.

Pourquoi OpenAI fait-il cela?

Si OpenAI procède à de tels tests, c'est probablement pour lier les annonces publicitaires à des questions spécifiques d'utilisateurs. Celui que cherche un nouveau vélo recevra des recommandations de revendeurs. Celui qui planifie un city trip verra quant à lui des suggestions d’hôtels sponsorisés. OpenAI a également lancé récemment un assistant shopping. La fuite laisse entendre que la publicité sera d’abord limitée à la fonction de recherche, c’est-à-dire lorsque ChatGPT parcourt le web. Mais cela pourrait toutefois évoluer à l’avenir.

La raison est simple: le profit. Faire fonctionner ChatGPT coûte des sommes colossales. Même si l’entreprise réalise des milliards de chiffre d’affaires grâce aux abonnements, les coûts liés aux serveurs, à l’entraînement des nouveaux modèles d’IA et à l’électricité pèsent lourdement sur le capital. Actuellement, l'activité du chatbot génère un déficit de plusieurs milliards.

La découverte de Tibor Blaho n'en reste pas moins retentissante. D'autant plus que Sam Altman, le patron d’OpenAI, se présentait jusqu’ici comme sceptique vis-à-vis de la publicité. «Je déteste la publicité», déclarait-il il y a un an à Harvard, rapporte techcrunch.com. Il avait alors qualifié la combinaison entre IA et publicité de «préoccupante». 

Mais son opinion semble avoir changé. Dans des podcasts récents, il se montre plus nuancé et assure ne pas être «totalement contre» cette association. Il l'assure: la publicité est acceptable tant qu'elle est utile. Sur Instagram, la pub est même «plutôt cool», dit-il.

OpenAI lance «l'ère Facebook»

Ce revirement n'a rien du hasard. En coulisses, OpenAI se transforme radicalement. Un cinquième des employés viennent désormais de Meta, soit environ 630 personnes sur 3000. OpenAI a même créé un canal Slack réservé aux anciens collaborateurs de Meta, lesquels savent comment monétiser les données des utilisateurs. Le magazine tech theinformation.com évoque même un «ère Facebook» chez OpenAI.

Des cadres comme la nouvelle responsable des applications, Fidji Simo, proviennent directement de l’«école Facebook». En interne, on discute ainsi de la possibilité pour ChatGPT d’utiliser sa «mémoire» pour diffuser de la publicité de manière encore plus ciblée, selon theinformation.com. Cette mémoire permet à ChatGPT de se souvenir d’informations précises sur les utilisateurs.

Une démarche qui met le doigt sur un problème fondamental. En effet, les modèles de langage IA n’ont jamais été totalement objectifs: ce sont des machines de probabilités qui calculent mot par mot. A cette loterie technique s’ajoute désormais l’influence du profit.

De quoi susciter d'intenses débats en interne. Au début de l’année, un sondage révélait en effet une résistance à la «culture Meta». «Nous ne voulons pas que notre mission se résume à maximiser l’engagemen», résumait un employé inquiet auprès de la plateforme tech

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