Changement de tactique!
Poutine veut viser les centrales énergétiques ukrainiennes et fait craindre un hiver horrible

Les Ukrainiens doivent se préparer à un hiver marqué par de longues coupures de courant. Les Russes ont intensifié leurs attaques contre les centrales énergétiques. Que prévoit Poutine et comment les Ukrainiens se préparent-ils à l'hiver?
Publié: 25.08.2024 à 06:06 heures
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Dernière mise à jour: 25.08.2024 à 08:41 heures
L'hiver dernier déjà, les Ukrainiens ont dû se réchauffer autour de feux.
Photo: Anadolu via Getty Images
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Guido Felder

Pas de nourriture chaude, pas de lumière, pas de chauffage. Des millions de civils ukrainiens souffriront au plus tard en hiver, des centaines, voire des milliers, risquent même de mourir de froid. Les Russes ont intensifié les bombardements sur les installations énergétiques.

Le ministre de l'Énergie Herman Halouchtchenko met en garde: «Nous sommes à la veille de l'hiver le plus rude de notre histoire.» Il reste peu de chances aux Ukrainiens de protéger les centrales électriques et les installations de distribution. Car les Russes ont changé de tactique.

Des attaques plus précises et destructrices

Denis Trubetskoy, correspondant politique à Kiev, apporte des précisions pour Blick. «Il y a un an et demi, la Russie misait surtout sur la destruction ciblée des transformateurs des sous-stations pour que l'électricité n'arrive pas au client final. Mais depuis fin mars, la Russie utilise massivement les missiles et les missiles de croisière les plus coûteux de son arsenal pour détruire de manière ciblée et durable les centrales hydrauliques, à charbon et à gaz.»

Un constat que fait également Marcel Berni, expert en stratégie à l'Académie militaire de l'Exole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ). «Nous constatons que les attaques russes contre les infrastructures ukrainiennes sont de plus en plus précises et destructrices, avec des doubles frappes par exemple.»

Des Ukrainiens livrés sur le front

Marcel Berni part du principe que Moscou veut continuer à forcer Kiev à déployer sa maigre défense aérienne dans les villes et à l'écart du front pour protéger l'approvisionnement en énergie et la population civile. Ainsi, les unités de front ukrainiennes, déjà décimées, seraient encore plus affaiblies.

Selon Marcel Berni, l'hiver qui s'annonce est la raison pour laquelle les deux parties veulent actuellement contrôler le plus de terrain possible. «Lorsqu'il fait froid, il est souvent plus facile de déplacer du matériel lourd sur un sol gelé. Mais il y a aussi ce qu'on appelle des frictions, c'est-à-dire que l'appareil gèle, les voies de ravitaillement s'allongent et la motivation diminue.»

Attaque de drones

Mais rappelons qu'il n'y a plus de centrale électrique en Ukraine qui n'a pas encore été touchée par des missiles. En détruisant les installations ou en les contrôlant, l'Ukraine a perdu 9 gigawatts de puissance. Cela correspond à 9 centrales de la taille de la centrale nucléaire de Gösgen dans le canton de Soleure. L'Ukraine ne dispose donc plus que de la moitié de la puissance énergétique dont elle a besoin pour un hiver... pour autant qu'il soit doux.

La tactique des Russes consiste également à jouer délibérément sur les faiblesses de l'adversaire. Par exemple lors du bombardement de la centrale thermique de Trypillya en avril. Sur onze missiles, les Ukrainiens sont parvenus à en neutraliser sept à temps. Les quatre autres ont mis la grande installation hors service. Pourquoi les Ukrainiens n'ont-ils pas pu les intercepter? Simplement parce qu'ils n'avaient plus de missiles de défense...

Dans une interview accordée à n-tv.de, Dmytro Sakharuk, directeur général du grand groupe énergétique privé DTEK, a donné ces explications: «En décembre, janvier et février, ils ont envoyé des milliers de ces drones Shaheed bon marché pour épuiser nos défenses. Quand ils ont réalisé que nos réserves étaient presque nulles, ils ont su que c'était le moment idéal pour envoyer des missiles.»

Remplacement avec de vieilles centrales électriques

Comme les pièces de rechange comme les turbines, les générateurs et les transformateurs ne traînent pas simplement chez les producteurs, mais nécessitent des mois de production, les Ukrainiens essaient de s'approvisionner en pièces de rechange provenant d'anciennes centrales électriques en Pologne, Bulgarie, Grèce et République tchèque.

Une petite compensation, avec un potentiel d'environ 2,5 gigawatts, est fournie par l'électricité du réseau électrique européen auquel l'Ukraine a été raccordée peu après le début de la guerre. Dmytro Sakharuk plaide pour l'installation décentralisée d'un maximum de turbines à gaz de 25 mégawatts et de générateurs diesel de 18 watts et leur raccordement au réseau.

Des centaines de personnes gelées

L'hiver est rude en Ukraine, les températures peuvent descendre jusqu'à moins 25 degrés selon les régions. Avant l'invasion des Russes, plus de 800 personnes étaient déjà mortes de froid lors d'hivers particulièrement rigoureux. Ce chiffre devrait désormais être nettement plus élevé.

Une chose est sûre: l'Ukraine devra limiter sa consommation d'électricité en hiver. Selon Dmytro Sakharuk, la capitale Kiev pourrait connaître des intervalles de deux heures avec du courant et de sept heures sans courant. Il faut même s'attendre à des coupures d'électricité allant jusqu'à 20 heures en une journée.

Denis Trubetskoy s'attend également à un hiver rude. «Se préparer en se procurant des générateurs, des bougies et des powerbanks, car il n'y a pas d'échappatoire ici», déplore le correspondant. 


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