Cela dure depuis des années
Ce réseau tentaculaire alimente la fortune politique de l'ayatollah Ali Khamenei

Le guide suprême iranien Ali Khamenei se bat actuellement pour conserver le pouvoir. Pour cela, il a aussi besoin d'argent, et peut compter sur une mystérieuse organisation appelée Setad. Celle-ci a été créée autrefois pour aider les personnes dans le besoin.
Publié: 10:41 heures
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Dernière mise à jour: 11:11 heures
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Ali Khamenei est le guide suprême et le chef religieux de l'Iran depuis 1989.
Photo: AFP
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Nicola Imfeld

La guerre entre Israël et l'Iran continue de s'intensifier. Le président américain Donald Trump a exigé ce mardi la «capitulation inconditionnelle» de l'Iran. Mais ce mercredi, le guide de la révolution iranienne, l'ayatollah Ali Khamenei, n'a rien voulu savoir et a directement menacé les Etats-Unis. 

La mesure dans laquelle Ali Khamenei tient encore les rênes a récemment fait l'objet de spéculations. Mais au cours des dernières décennies, il s'est maintenu au pouvoir dans la République islamique – avec une rhétorique dure et de nombreuses répressions. Et le tout, avec beaucoup d'argent. 

En effet, le guide suprême iranien a mis en place un gigantesque réseau de biens immobiliers et de participations à des entreprises. Selon les dernières estimations américaines, le dirigeant aurait amassé jusqu'à 200 milliards de dollars.

Un trésor très bien caché

La majeure partie des sources de financement d'Ali Khamenei demeure à ce jour dans l'ombre. Mais ce que l'on sait, c'est que la mystérieuse organisation Setad joue un rôle central.

Setad a été pour le guide suprême iranien l'aide financière de départ pour son pouvoir. Son prédécesseur, le guide révolutionnaire Ruhollah Khomeini (1902-1989), avait ordonné la création de cette organisation quelques mois avant sa mort. Une sorte de centre de collecte pour les biens immobiliers abandonnés après la révolution de 1979. Le but initial était de soi-disant vendre des biens immobiliers pour aider ceux blessés par la guerre et les plus pauvres. 

Mais au lieu de dissoudre la Setad au bout de deux ans, comme c'était prévu, Ali Khamenei a repris les rênes de l'organisation et en a fait la pièce maîtresse de son maintien au pouvoir. L'institution, autrefois charitable, est devenue une machine à générer des milliards. En 2013, l'agence de presse «Reuters» avait retracé le système Setad dans une grande enquête d'investigation.

Liée à un fabricant de préservatifs?

Selon ce même rapport, le régime des mollahs confisquait systématiquement des milliers de biens immobiliers dans tout l'Iran. Les opposants, les minorités religieuses et les exilés étaient les plus concernés. Dans certains cas, Setad aurait même exigé de l'argent pour libérer certains immeubles confisqués.

«Reuters» a révélé plusieurs exemples d'Iraniens qui ont d'abord été expropriés – pour devoir ensuite négocier le prix afin de récupérer leurs biens. Cette pratique a été protégée par les tribunaux qui, selon l'enquête, ont toujours agi dans l'intérêt de Khamenei.

A partir des années 2000, la Setad s'est transformée d'une simple gestion immobilière en un conglomérat économique opaque. Des participations dans des banques, des assurances, des entreprises de télécommunication, des groupes énergétiques, pharmaceutiques et de construction, et même, dans un fabricant de contraceptifs et un élevage d'autruches. Parce que, pourquoi pas?

La réponse de l'Oncle Sam

En 2013, sous Barack Obama, les Etats-Unis ont remarqué ce qui se jouait en Iran et ont pris différentes sanctions contre Setad et ses 37 filiales. «Cette organisation cache des milliards de dollars au profit de l'élite iranienne», a justifié le Trésor américain pour justifier sa décision.

Et Ali Khamenei lui-même? Celui-ci vit officiellement modestement, porte des vêtements simples, évite le luxe en public. Rien n'indique non plus qu'il détourne personnellement des fonds de Setad. Plusieurs milliards finissent directement dans les caisses du pouvoir politique, finançant ainsi la propagation de son idéologie.

Aujourd'hui encore, la Setad est déguisée en fondation de bienfaisance en Iran. Pour Ali Khamenei, c'était le véhicule parfait pour étendre son pouvoir. Mais il n'est pas exclu que tout cela s'effondre avec l'agression d'Israël.

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