La junte birmane a accusé mardi des groupes rebelles d'avoir mené des attaques «malveillantes et brutales» de drones, de roquettes et de bombes le jour des élections organisées par l'armée et la veille, blessant au moins cinq civils.
Après avoir pris le pouvoir lors d'un coup d'Etat en 2021, la junte présente ces élections législatives comme un retour à la démocratie, mais de nombreux pays et observateurs internationaux dénoncent une manoeuvre destinée à pérenniser le régime, dénonçant notamment la répression de tout semblant d'opposition.
Le coup d'Etat a déclenché une guerre civile dans le pays, des militants pro-démocratie ayant formé des unités de guérilla combattant aux côtés de milices constituées par des minorités ethniques opposées depuis longtemps au pouvoir central. Ces groupes se sont opposés aux élections, s'engageant à empêcher le scrutin dans les territoires qu'ils contrôlent.
«Extrêmisme violent»
Entre samedi et dimanche soir, des attaques ont été menées dans 11 des 102 communes où la première phase des élections s'est tenue, ont rapporté les médias d'Etat. Le journal Global New Light of Myanmar, dirigé par la junte, a listé les attaques rebelles, du «tir à distance d'armes lourdes artisanales et de roquettes» au «largage de bombes par des drones».
«Alors que le gouvernement et le peuple choisissaient la voie démocratique, les groupes terroristes ont poursuivi leur extrémisme violent», a écrit le journal. La junte a également accusé ces groupes d'avoir «envoyé des lettres de menace», «diffusé de fausses informations» et «empêché» des personnes de se rendre aux urnes.
Le principal parti pro-militaire du pays, le Parti de l'union, de la solidarité et du développement (USDP), a revendiqué lundi une victoire écrasante dans la première phase des élections, même si les résultats officiels n'ont pas encore été publiés. Il a remporté 82 des 102 sièges de la chambre basse disputés dimanche, a affirmé à l'AFP un cadre du parti sous couvert de l'anonymat, n'étant pas autorisé à divulguer officiellement les résultats.
De nombreux analystes décrivent le parti pro-militaire comme un relais civil de l'armée, affirmant que d'anciens officiers occupent des postes de direction clés. Vainqueur face à l'USDP lors du dernier scrutin en 2020, le parti d'Aung San Suu Kyi, dissous par l'armée après le coup d'Etat, ne figurait pas sur les bulletins de vote et la prix Nobel de la paix est emprisonnée depuis le putsch militaire.