Les députés espagnols ont adopté définitivement jeudi une loi permettant de changer de genre via une simple déclaration administrative dès l'âge de 16 ans, à l'origine de vifs débats au sein même de la coalition de gauche au pouvoir.
Le texte supprime l'obligation de fournir des rapports médicaux attestant d'une dysphorie de genre et des preuves d'un traitement hormonal suivi durant deux ans, comme c'était le cas jusqu'ici pour les personnes majeures.
Congé menstruel inédit en Europe
Les députés espagnols ont en outre voté définitivement jeudi une loi créant un «congé menstruel» pour les femmes souffrant de règles douloureuses. Cette mesure inédite en Europe est destinée, selon le gouvernement de gauche, à briser un tabou.
«C'est un jour historique pour les avancées féministes», a Espagneancé sur Twitter la ministre de l'Egalité Irene Montero, membre de la formation de gauche radicale Podemos, alliée des socialistes au sein de l'exécutif.
Adopté par 185 voix favorables, 154 contre et 3 abstentions, ce texte fait de l'Espagne le premier pays en Europe et l'un des rares dans le monde à intégrer cette mesure dans sa législation, à l'instar notamment du Japon, de l'Indonésie ou de la Zambie.
Avec cette loi, «l'arrêt de travail d'une femme en cas de règles incapacitantes» liées, par exemple, «à des pathologies comme l'endométriose» sera «reconnu comme une situation spéciale d'incapacité temporaire» de travail.
Une «régulation adaptée pour éliminer tout biais négatif»
«Il s'agit d'accorder à cette situation pathologique une régulation adaptée afin d'éliminer tout biais négatif» pour les femmes «dans le monde du travail», ajoute le texte.
Aucune précision ne figure dans la loi sur la durée de cet arrêt maladie, qui devra être accordé par un médecin et sera financé par la Sécurité sociale.
Ce «congé menstruel» a toutefois suscité des réticences au sein de l'aile socialiste du gouvernement et a même été critiqué par le syndicat UGT.
Cette centrale syndicale d'obédience socialiste, une des deux plus grandes du pays, s'est notamment inquiétée d'un possible frein à l'embauche des femmes de la part d'employeurs voulant éviter ces absences.
Ce «congé menstruel» est une des mesures phares d'un projet de loi beaucoup plus large visant à renforcer l'accès à l'avortement dans les hôpitaux publics, qui pratiquent moins de 15% des IVG dans le pays, en raison notamment d'une objection de conscience massive des médecins.
A cause de cette situation, et aussi de l'absence de clinique spécialisée à proximité, des femmes doivent parfois parcourir des centaines de kilomètres pour pouvoir avorter.
Cette loi va également permettre aux mineures d'avorter sans l'autorisation de leurs parents à 16 et 17 ans . L'avortement a été dépénalisé en Espagne en 1985, puis légalisé en 2010, mais l'IVG reste un droit semé d'embûches dans ce pays de tradition catholique.
(ATS)