Verdict surprenant à Leipzig
La justice allemande annule l'interdiction d'un groupe néonazi

La justice allemande annule l'interdiction fédérale du groupe néonazi Hammerskins Allemagne, citant un manque de preuves de son organisation nationale. Les Länder conservent le pouvoir d'interdire des sections locales si nécessaire.
Le gouvernement allemand avait dissoud le groupe néonati «Hammerskins Allemagne» il y a deux ans.
Photo: imago stock&people
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ATS Agence télégraphique suisse

La justice allemande a annulé vendredi l'interdiction au niveau fédéral du groupe néonazi Hammerskins Allemagne, dissous deux ans plus tôt par le gouvernement. Cela en raison d'un manque de preuves de sa structuration comme organisation nationale.

«Les éléments disponibles ne justifient pas de considérer qu'il existe, entre les sections (régionales) et le mouvement européen ou mondial, une association nationale 'Hammerskins Deutschland+', explique le tribunal administratif fédéral dans un communiqué.

Les Länder pourront encore agir

Or, le ministère de l'Intérieur avait mis en avant leur «intégration au sein d'une organisation globale» pour justifier la dissolution du mouvement au niveau national, dit encore la juridiction basée à Leipzig, dans l'est du pays.

L'Etat fédéral et les Länder peuvent toutefois toujours interdire des sections locales si des «motifs» le justifient, souligne le tribunal. Émanation du mouvement «Hammerskins Nation» fondé en 1988 aux Etats-Unis, les Hammerskins allemands avaient été visés par un vaste coup de filet en septembre 2023, le jour où le gouvernement avait annoncé leur interdiction.

Une immense opération de police

Les perquisitions, menées par 700 policiers dans dix régions, avaient permis de saisir, entre autres, des armes et des drapeaux avec la croix gammée. Le ministère de l'Intérieur avait alors évalué ses effectifs à 130 membres, soulignant que le groupe jouait un rôle de «premier plan sur la scène de l'extrême droite en Europe».

Selon Berlin, la propagation d'une théorie raciale basée sur l'idéologie nazie est au coeur de l'action du groupuscule, via des concerts ou diffusions d'enregistrements sonores et la vente d'objets antisémites. Ses membres dans le monde se désignent comme des «frères» et se considèrent comme «l'élite» de la scène skinhead d'extrême droite, toujours selon le gouvernement.

Le cas similaire d'un magazine pro-russe

La législation allemande autorise le ministère de l'Intérieur à bannir des associations, y compris des médias, si leur action est jugée contraire aux principes fondamentaux de la Constitution. En juin, la justice allemande avait déjà levé l'interdiction de publication du magazine Compact, proche de l'ultradroite et prorusse, ordonnée il y a un peu moins d'un an plus tôt au motif d'incitation à la haine.

La décision judiciaire de vendredi «ne change évidemment rien, sur le fond, aux possibilités et à la volonté» de Berlin de continuer à «interdire les groupements et associations d'extrême droite», a réagi un porte-parole du ministère de l'Intérieur lors d'un point presse régulier.

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