La peine sera directement aménagée, a précisé le tribunal.
L'ex-chef de l'Etat était absent du tribunal correctionnel de Paris lors de la lecture du jugement.
La présidente du tribunal poursuivait en fin de matinée la lecture de son jugement, avant de prononcer les peines à l'encontre de l'ex-président et des treize personnes ayant comparu à ses côtés, toutes également déclarées coupables de complicité de financement illégal de campagne électorale.
Deux à trois ans de prison ferme ont été requis contre ces treize personnes.
Une condamnation inédite pour un ancien président français
Nicolas Sarkozy «a poursuivi l'organisation de meetings», après avoir été «averti par écrit du risque de dépassement» du plafond légal, a dit la présidente Caroline Viguier. «Ce n'était pas sa première campagne, il avait une expérience de candidat», a poursuivi la magistrate.
L'ex-président encourt 3750 euros d'amende en plus de l'année de prison qui a été prononcée.
En mars, il était devenu le premier ancien président français (2007-2012) à être condamné à de la prison ferme - trois ans dont un ferme -, pour corruption et trafic d'influence, dans une affaire dite «des écoutes», dans laquelle il était poursuivi pour une tentative présumée de corruption d'un juge. Il a fait appel.
Un «show à l'américaine»
Pendant la campagne pour sa réélection à la tête de la France en 2012, Nicolas Sarkozy a été un «candidat désinvolte», demandant «un meeting par jour», des «shows à l'américaine» et a laissé filer les dépenses sans s'en préoccuper, avait soutenu le parquet dans son réquisitoire.
Un montage illégal entre le parti de la majorité d'alors, l'UMP - que Nicolas Sarkozy rebaptisera LR par la suite - et la société organisatrice de meetings Bygmalion, aurait couvert cette campagne somptuaire. Les dépenses de sa campagne étaient presque deux fois supérieures à leur plafond légal.
Contrairement à ses 13 coprévenus (anciens cadres de la campagne et de l'UMP ainsi que de la société Bygmalion), Nicolas Sarkozy n'était pas mis en cause pour le système de double facturation imaginé pour masquer l'explosion des dépenses de campagne autorisées.
Il n'était jugé que pour «financement illégal de campagne».
L'ancien président nie tout
Mais il a «incontestablement» bénéficié de la fraude, disposant de moyens bien supérieurs à ceux que la loi autorisait - au moins 42,8 millions, soit près du double du plafond légal à l'époque.
Nicolas Sarkozy avait lui tout nié en bloc. «Une fable!», s'était-il emporté à la barre. «Elle est où la campagne qui s'emballe? Elle est où la campagne en or massif?», avait-il scandé, prenant tout le monde à partie.
«Il y a eu des fausses factures et des conventions fictives, c'est avéré». Mais «l'argent n'a pas été dans ma campagne, sinon ça se serait vu», avait martelé l'ancien président français, estimant que Bygmalion - fondé par des très proches de son rival Jean-François Copé, alors patron du parti UMP - s'était «goinfré» sur sa campagne.
Relaxe demandée
Sa défense avait plaidé la relaxe. «Il n'a signé aucun devis, il n'a signé aucune facture, il a accepté toutes les restrictions qu'on lui a demandées. Il est loin d'être un candidat hystérique, insatiable», avait mis en avant son avocate Me Gesche Le Fur.
Contrairement à ses coprévenus présents tous les jours, Nicolas Sarkozy n'était venu à l'audience que pour son interrogatoire. Une façon de se placer «au-dessus de la mêlée» qui avait ulcéré le parquet.
La «totale désinvolture» de celui qui «ne regrette visiblement rien» est «à l'image de la désinvolture dans sa campagne», avait lancé la procureure Vanessa Perrée.
Révélé deux ans après la défaite de M. Sarkozy, le scandale avait entraîné des déflagrations politiques en série à droite.
«Il y a quatorze prévenus et presque autant de versions». La plupart «n'ont rien vu, rien su, rien entendu, ils ont été victimes de manipulations ou ont servi de fusibles», avait moqué le parquet, pour qui leur culpabilité ne «fait aucun doute».
Une question, centrale, restera pourtant en suspens, avait admis la procureure. «Qui a ordonné le système? Nous n'avons pas assez d'éléments pour le démontrer».
Cette nouvelle condamnation intervient sept mois après celle prononcée à son encontre pour corruption dans l'affaire dite «des écoutes».
(ATS)