Maire de New-York cette nuit?
Les 5 révolutions américaines de Zohran Mamdani

Le jeune candidat démocrate à la mairie de New York défend son programme «socialiste». S'il l'emporte, soutenu par le vieux sénateur anti-oligarchie Bernie Sanders, il incarnera alors plusieurs révolutions américaines en cours. Face à Donald Trump.
Publié: 10:32 heures
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Zohran Mamdani, 34 ans, sera à coup sûr dans le viseur de Donald Trump s'il est élu maire de New York ce 4 novembre.
Photo: IMAGO/ZUMA Press Wire
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Richard WerlyJournaliste Blick

La coïncidence des dates ne pouvait pas être plus symbolique. Ce 4 novembre, les deux millions d’électeurs de la ville de New York se rendent aux urnes pour élire leur nouveau maire. Alors qu’il y a un an pile, les Américains se préparaient à élire leur nouveau président. Donald Trump est sorti victorieux des urnes dans la nuit du 5 au 6 novembre 2024. Sa «bête noire» Zohran Mamdani, 34 ans seulement, pourrait, douze mois plus tard, prendre les commandes de la ville qui a fait la fortune du locataire de la Maison-Blanche, originaire du Queen’s.


La révolution «socialiste»

Le mot est lâché. Et Zohran Mamdani, dont la mère est la cinéaste d’origine indienne Mira Nair (son père est universitaire), ne le renie pas. Imaginez: le prochain maire de New York, la ville de Wall Street – le marché boursier américain – affirme qu’il est «socialiste». Ou plus exactement «démocrate socialiste», pour souligner son affiliation au Parti démocrate, dont son adversaire Andrew Cuomo (ancien ministre de Bill Clinton et ancien Gouverneur de l’Etat de New York) a longtemps été membre. 

«Socialiste», pour Zohran Mamdani, cela veut dire deux choses: un combat assumé contre «l’oligarchie» financière, et la volonté revendiquée de s’attaquer aux prix exorbitants du logement. De quoi faire hurler Donald Trump et ses soutiens.

La révolution générationnelle

C’est fini. La page va immanquablement se tourner pour Donald Trump, qui aura 80 ans le 14 juin 2026, même si sa forme physique surprend tout le monde. La bataille électorale menée à New York par Zohran Mamdani illustre l’avènement d’une nouvelle génération dont le vice-président J.D. Vance est le porte-drapeau au sein du camp «MAGA» (Make America Great Again). 

Or cette bataille générationnelle n’est guère favorable à Donald Trump, même si celui-ci peut compter sur le soutien d’une jeunesse conservatrice et chrétienne venue en masse témoigner sa ferveur lors des obsèques de l’activiste assassiné Charlie Kirk en Arizona, le 22 septembre. C’est aussi l’avenir politique des Etats-Unis qui se joue ce 4 novembre à New York.


La révolution de l’argent

Donald Trump a un argument de poids: Wall Street, le cœur battant boursier des Etats-Unis, voit d’un très mauvais œil une possible élection de Zohran Mamdani. Lequel bénéficie dans les sondages de 15 points d’avance sur son principal rival Andrew Cuomo. 

Le président des Etats-Unis a par ailleurs prévenu qu’il sanctionnerait la ville de New-York, celle où se trouve son iconique Trump Tower face à Central Park, si Mamdani est élu, en lui retirant des aides fédérales. L’ancien promoteur immobilier New Yorkais est fidèle à lui-même: la ville doit pour lui rester un aimant à investissements internationaux. Elle ne doit pas devenir un repoussoir financier comme elle l’était, pour Trump, sous le règne municipal d’Ed Koch, maire de 1978 à 1989, avec lequel il eut sans cesse des démêlés.

La révolution intellectuelle

Il ne faut pas négliger cet aspect: Zohran Mamdani, par ses parents universitaires et sa campagne centrée sur la défense des classes populaires et moyennes, a un écho considérable dans les campus américains. Fait intéressant: le très influent New York Times, le quotidien de l’élite libérale américaine, a pris ses distances avec ce candidat musulman anti-establishment, qui a pris la défense de la Palestine. 

Deux Amériques libérales s’opposent donc aussi dans les urnes de New York ce mardi 4 novembre: l’une, traditionnelle, inquiète de la radicalité sociale de Mamdani, et l’autre qui lui est favorable. Le charisme de l’intéressé a fait le reste. Une révolution intellectuelle est annoncée, soutenue par les deux vétérans de la lutte anti-Trump et antioligarchie: le sénateur indépendant du Vermont Bernie Sanders et la Représentante démocrate de New York Alexandria Ocasio-Cortez.

La révolution internationaliste

Zohran Mamdani ne sera, s’il est élu, «que» maire de New York. Sa priorité électorale est logiquement centrée sur sa ville. Mais celle-ci demeure le siège des Nations unies, là même où le Président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas n’a pas été autorisé à accéder lors de la récente Assemblée générale de l’ONU, faute de visa. Mamdani, ami des ennemis des Etats-Unis? 

C’est le refrain que ne va pas manquer d’entonner Donald Trump, adversaire résolu du droit international et des règles multilatérales, lorsqu’elles ligotent la première puissance mondiale. Après la rébellion incarnée par les manifestations «No King» (pas de Roi) de la mi-octobre à travers le pays – qui ont rassemblé sept millions de personnes – la «révolution Mamdani»?

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