Derrière la gare Meilen, à Zurich, se trouve un bâtiment administratif sobre. C'est là que se trouve l'Office régional de placement (ORP), le premier point de contact pour tous ceux qui perdent leur emploi. En cette matinée de juillet, des hommes dans la force de l'âge entrent tous les quarts d'heure. Dehors, sur le parking, se trouvent une Mini Cooper S, un gros tout-terrain BMW et même une Porsche Cayenne.
Lorsque Blick demande au premier employé de bureau si beaucoup d'anciens collaborateurs d'UBS viennent s'inscrire ici, l'homme acquiesce. «Ce n'est pas étonnant quand on voit ce qui se passe actuellement dans les banques», confie-t-il, même s'il ne veut pas en dire beaucoup plus.
Deux ans après la méga-fusion d'UBS et de Credit Suisse, des milliers d'emplois ont disparu en Suisse. «C'était très violent de voir nos collègues quitter leur bureau les uns après les autres», déclare un ancien employé de Credit Suisse qui a aujourd'hui retrouvé un emploi fixe chez UBS.
Le fait que de plus en plus de postes disparaissent dans cette banque est également visible dans le dernier rapport trimestriel. A la fin juin 2025, la grande banque employait 105'132 collaborateurs à plein temps dans le monde entier. Il y a un an, ils étaient encore 109'991. Lorsque la banque a présenté pour la première fois des chiffres consolidés en été 2023, elle comptait 119'100 emplois à plein temps.
Des contrats qui arrivent à échéance
Il était prévisible que deux ans après la fusion, davantage de banquiers se retrouvent à l'ORP. Les premières grandes vagues de licenciements ont commencé il y a un an. Les collaborateurs concernés ont continué à être payés pendant une période allant jusqu'à douze mois dans le cadre du plan social. Maintenant, les contrats arrivent définitivement à échéance et celles et ceux qui n'ont pas retrouvé un emploi doivent se rendre à l'ORP.
Entre-temps, les chiffres officiels du chômage donnent également des indications. En juin, le taux de chômage dans le canton de Zurich était de 2,5%. Au total, 22'136 personnes étaient inscrites au chômage auprès des offices régionaux de placement, soit 39 de plus qu'en mai. Alors que le nombre est en baisse dans de nombreuses branches, il a augmenté de 76 demandeurs d'emploi dans le secteur de la finance et des assurances, a indiqué l'office dans un communiqué.
Pour les employés du secteur financier, il devient donc plus difficile de retrouver un emploi. Ce n'est pas seulement le fait d'UBS, d'autres banques suppriment également des postes, comme la banque privée Julius Bär, qui a récemment biffé 400 emplois.
Ne pas virer tout le monde d'un coup
Natalia Ferrara, vice-présidente de l'Association suisse des employés de banque (ASEB), constate elle aussi que la situation devient plus difficile. Son association suit de près les suppressions de postes chez UBS et a même participé à l'élaboration du plan social.
Elle s'est notamment engagée à ce qu'UBS ne supprime pas les postes en une seule fois, mais de manière échelonnée sur plusieurs années. Cela devait permettre d'éviter qu'un trop grand nombre de personnes cherchent un emploi ou doivent se rendre à l'ORP en même temps. «Cela s'est avéré être la bonne voie», dit Natalia Ferrara.
Mais elle ne peut pas exclure que le nombre de personnes se rendant à l'ORP augmente. «On ne voit que maintenant les conséquences des vagues de suppressions qui ont commencé il y a un an et qui se sont prolongées jusqu'au début de 2025.» Selon la durée de l'emploi, le plan social s'étend sur huit à douze mois. La réduction par tranches a un autre avantage: de nombreux employés plus âgés peuvent continuer à travailler jusqu'à leur retraite anticipée.
Certains prennent leur mal en patience
Malgré ces différentes mesures, toutes les personnes licenciées ne retrouvent pas un nouvel emploi durant ce délai. Certains, surtout des spécialistes très bien payés avec de nombreuses années d'expérience professionnelle, prennent leur temps pour chercher. Comme ils percevaient des salaires élevés, ils ne veulent pas perdre ce statut à la fois économique et social.
UBS ne révèle pas combien de collaborateurs se retrouvent actuellement à l'ORP. «Nous limiterons autant que possible les suppressions de postes liées à l'intégration en Suisse et dans le monde, écrit un porte-parole de la banque. Les suppressions de postes s'étaleront sur plusieurs années et se feront principalement par le biais de fluctuations naturelles, de retraites anticipées, de la mobilité interne et de l'internalisation de fonctions externes.»
La banque donne toutefois la priorité au recrutement interne: plus de deux tiers des postes vacants en Suisse ont été pourvus de cette manière en 2024. D'après le géant bancaire, privilégier les collaborateurs existants pour pourvoir les postes vacants est un élément central de sa stratégie en matière de ressources humaines.