Le plus grand projet-pilote de vente régulée de cannabis en Suisse met sous pression le marché illégal. L'écrasante majorité des 3000 participants zurichois s'en détournent, selon un premier bilan tiré un an après le début de l'étude. Plus de 90% des personnes inscrites pour l'étude n'achètent leurs produits cannabiques plus que dans les neuf pharmacies ou les trois magasins spécialisés qui participent au projet-pilote dans le canton de Zurich, indiquent mardi les responsables de l'étude. Cette évolution met le marché illégal sous pression.
«Les participants apprécient de ne plus devoir acheter leurs produits sur le marché noir», a témoigné le médecin Thilo Beck, qui encadre l'étude, face aux médias réunis à Zurich. Ils peuvent désormais consommer dans un contexte déstigmatisé, reçoivent des conseils et ne sont plus jugés. Les habitudes de consommation des «cobayes» ont également évolué. Nombres d'entre eux achètent désormais aussi des produits à faible teneur en THC stupéfiant, guère disponibles sur le marché noir qui favorise la plus haute teneur possible. De nombreux participants considèrent ce choix qui leur est offert comme un véritable gain, souligne Thilo Beck. Ils apprécient les produits à faible teneur, car ces derniers ont un impact positif sur leur bien-être et leur santé.
«Ils sont votre fils, votre fille ou votre grand-mère»
Les produits cannabiques vendus dans le cadre du projet-pilote ont une teneur en THC variant de 5 à 25%. Les bonbons en gelée contenant du THC ainsi que les pralinés au THC, également en vente régulée, connaissent un vrai succès, car ils permettent aux consommateurs de moins fumer. Nombre d'entre eux souffrent, en effet, de problèmes cardio-vasculaires ou pulmonaires liés à la fumée. Depuis le début de l'étude menée dans le canton de Zurich, près de 37 kg de cannabis THC ont été vendus. Les produits les plus appréciés sont les fleurs de cannabis, le haschich, les bombons gélifiés et les pralinés.
«Nous sommes très satisfaits après cette première année», observe Paul-Lukas Good, président de l'association Swiss Cannabis Research et directeur de l'étude zurichoise. Les participants à l'étude représentent toute la société suisse: «Ils sont votre fils, votre fille ou votre grand-mère», a-t-il lancé. Ces personnes sont bien informées et veulent rendre légale la vente de cannabis en Suisse.
L'étude Swiss Cannabis Research menée dans le canton de Zurich doit durer cinq ans. Au total, 4500 personnes y participent, 1500 d'entre elles continuant à acheter leur cannabis sur le marché illégal uniquement, à titre de comparaison. Le but de l'étude est de réunir des données fiables sur l'impact d'une légalisation possible sur la santé et la criminalité.
Le projet-pilote entend encore faire participer 3000 consommateurs supplémentaires. Les candidats ne font pas la queue au portillon, admet Paul-Lukas Good. Il faut remplir des formulaires et transmettre des données personnelles, rappelle-t-il. De plus, l'étude menée au niveau cantonal est souvent confondue avec celle menée en ville de Zurich, «Züri Can», dont l'effectif est épuisé. D'autres projets-pilotes de vente régulée de cannabis sont actuellement en cours à Bâle-Ville, Bâle-Campagne, dans le canton de Genève, ainsi qu'en villes de Lausanne et de Berne.